Les avocats d'une présumée victime d'agression sexuelle qui se bat pour avoir le droit de porter un niqab pendant son témoignage en cour ont affirmé, vendredi, que les yeux et la voix suffisaient pour juger de la crédibilité d'un témoin appelé à la barre.

Cette affaire, qui oppose la religion et le droit de la partie défenderesse d'avoir un procès équitable, serait le premier procès en ce genre au Canada. La cause est entendue devant la Cour supérieure de l'Ontario.

La présumée victime porte le niqab, qui est un voile généralement porté par les femmes musulmanes et qui couvre tout le visage, à l'exception des yeux.

Les avocats de l'homme accusé de voies fait contre la femme ont plaidé que le fait de voir sa figure pendant son témoignage était un droit fondamental. L'avocat Jack Pinkofsky a fait valoir qu'il était nécessaire de voir le visage pour analyser le comportement et la crédibilité du témoin

«Vous ne pouvez pas séparer les mots parlés du visage», a affirmé Me Pinkofsky, ajoutant que le moindre mouvement du sourcil faisait partie de la preuve dont un juge ou un jury pourrait se servir pour condamner un criminel.

Les avocats de la présumée victime ont toutefois répliqué que la cour prenait régulièrement des décisions qui accommodent les différentes pratiques religieuses.

Ils ont également affirmé que le voile ne compromet pas le droit de la partie défenderesse à un procès équitable et que le port d'un voile ne nuirait pas à la capacité d'un tribunal d'examiner le comportement de la femme. Le ton de la voix et le langage corporel sont importants pour analyser le témoin, tout comme les yeux, ont-ils soutenu.

«Vous pouvez tout lire dans les yeux. Ils sont la fenêtre de l'âme», a affirmé l'avocat de la femme, David Butt, à sa sortie du tribunal.

Les audiences reprendront le 3 avril.

En 2006, la Cour suprême a statué à l'unanimité qu'une commission scolaire du Québec avait eu tort d'interdire à un jeune Sikh de 12 ans de porter son kirpan, un couteau religieux, en classe. La cour a jugé que la commission scolaire portait atteinte à la liberté de religion du garçon.