Avant son arrestation pour le meurtre prémédité de Nancy Michaud, Francis Proulx vivait dans un minuscule appartement d'un ancien presbytère converti en maison de chambres à Rivière-Ouelle. Un logement d'une pièce et demie d'une grande propreté où tout était rangé de manière méticuleuse.
Une propreté qui contraste avec l'état du sous-sol de la maison abandonnée où a été trouvé le corps nu ensanglanté de Nancy Michaud le 18 mai 2008, toujours à Rivière-Ouelle, dans le Bas-Saint-Laurent.
Une soixantaine de photos de l'appartement de l'accusé ont été montrées au jury, hier, au troisième jour de son procès au palais de justice de Québec. Dans son placard, Proulx a laissé le même espace entre chaque cintre, a raconté le policier de la Sûreté du Québec, auteur des photos. Il n'y avait que des chandails noirs ou bleu marine accrochés à ces cintres. Aucune affiche sur les murs blancs. Dans l'unique pièce du logement, un bureau de travail, un lit, une table à dîner et une bibliothèque ont été placés côte à côte. Le couvre-lit bleu avait des motifs enfantins. Deux flacons remplis de médicaments trônaient sur la bibliothèque. «Il n'y avait rien à la traîne», a indiqué ce même policier.
Dans une boîte au fond du placard, Francis Proulx a conservé plus de 200 billets de loterie, pour la plupart de type «gratteux», déjà utilisés. Certains billets avaient été emballés individuellement dans des sacs Ziploc. Proulx possédait aussi une centaine de jetons des casinos de Montréal et de Charlevoix. À l'intérieur d'un grand casier au sous-sol du presbytère, l'accusé avait empilé des bacs de plastique contenant diverses collections, dont des milliers de cartes de hockey. Dans l'un de ces bacs, les policiers ont saisi des bottes de travail avec de l'herbe encore humide collée aux semelles. Cette perquisition a été faite au lendemain de la découverte du corps de Nancy Michaud dans le sous-sol de la maison abandonnée.
Corps ensanglanté dissimulé sous des draps
Le corps de Nancy Michaud était caché sous un amas de draps, d'oreillers et de sacs de couchage lorsque les policiers l'ont trouvé, a-t-on aussi appris, hier. Sa tête avait été recouverte d'un sac de sport en nylon. Elle gisait sur le ventre. On aurait pu entendre une mouche voler lorsqu'un technicien en scène de crime a dévoilé au jury des photos du corps de la victime.
À la vue d'une photo de chevilles meurtries dépassant d'une couverture, une proche de Nancy Michaud a émis un murmure d'indignation. D'autres proches de la mère de famille de 36 ans ont eu de la difficulté à contenir leurs larmes.
Le corps de la victime a été lancé du haut des escaliers menant vers le sous-sol, a indiqué un second technicien en scène de crime. Proulx aurait transporté le corps de Nancy Michaud de la résidence de la victime au cimetière, pour finalement le cacher dans la maison abandonnée. Son corps a été déposé sur le lit de la chambre à coucher - des taches de sang sur le drap en faisant foi - puis dissimulé au sous-sol.
La victime avait des «lésions apparentes» aux deux chevilles et au fessier, a expliqué un policier. Non loin du corps de Mme Michaud, les enquêteurs ont trouvé son sac à main, dissimulé sous une boîte de bois. Ses cartes de crédit et de débit étaient encore à l'intérieur, ainsi qu'un papier où le NIP de la victime était griffonné.
Or, un homme portant une cagoule en possession des cartes de débit de Nancy Michaud a retiré deux fois 500 $ dans le compte conjoint de la victime et de son mari vers 1 h du matin le 16 mai, selon la preuve admise hier par la défense. Les jurés ont pu visionner l'enregistrement vidéo du vol survenu au guichet automatique de la caisse populaire de Rivière-Ouelle. Le cambrioleur a d'abord fait deux erreurs de NIP. Il est sorti du guichet pour rentrer une minute plus tard. Il réussira alors deux retraits d'un total de 1000 $. Trois jours plus tard, la police saisira 180 $ en coupures de 20 $ dans les poches de Francis Proulx, arrêté et détenu au quartier général de la Sûreté du Québec dans la Vieille Capitale. Le procès prévu pour six à huit semaines se poursuit aujourd'hui.