La poursuite et la défense s'entendent pour que le caïd Ivan Cech, reconnu coupable d'avoir importé 700 kg de cocaïne cachés dans des lingots d'aluminium, écope de 10 à 13 ans de pénitencier. Les parties diffèrent toutefois sur l'allègement de la peine qui devrait lui être accordé en raison «d'entorses au droit» décelées depuis son arrestation en République dominicaine, le 8 mai 2006.

Décrivant Cech comme l'âme dirigeante du réseau qui alimentait les Hells Angels, Me Charles Levasseur, du ministère public, a requis hier, en Cour supérieure, une peine de 13 ans. Il reconnaît qu'il faut en soustraire les 34 mois que l'accusé a déjà passé en prison, et qui comptent double - ce qui équivaudrait à une peine de 7 ans à purger à compter du jugement, prévu le 17 avril prochain. Il conteste toutefois avec force l'argumentation de la défense, qui réclame une peine «nette» de trois ans de prison.

 

Les propos du juge Guy Cournoyer laissent prévoir qu'il pourrait se montrer moins sévère que prévu envers Cech, à cause des jeux de coulisses qui ont marqué son extradition au Canada. Selon le juge, ces écarts ne justifiaient pas un arrêt du processus judiciaire, comme l'avait demandé la défense, mais «ça reste inexpliqué, inexplicable et inacceptable».

Au cours de sa plaidoirie, hier, Me Julio Péris a d'ailleurs insisté sur les préjudices que Cech a subis depuis le début de cette affaire, notamment, selon lui, des cachotteries de la police qui auraient retardé la divulgation de la preuve.

Me Péris a invité le juge à considérer comme un «facteur atténuant» les neuf mois durant lesquels son client a collaboré avec les policiers, après son retour forcé au pays.

«Outre sa santé précaire, il a eu une côte cassée et on l'a continuellement harcelé en prison», a souligné Me Péris. Il a aussi pris soin de rappeler au juge que Cech s'était fait saisir pour 3 millions de dollars de biens, dont un appartement et un hôtel-casino en République dominicaine (cette somme équivaut à 100 millions de pesos dominicains, conversion que La Presse avait omis de faire dans un récent reportage sur la carrière du trafiquant, originaire de la Slovaquie).

Pour toutes ces raisons, Me Péris estime qu'une peine de 10 à 12 ans serait suffisamment sévère. Moins la série d'allègements souhaités, Cech n'aurait plus que trois ans à purger.

Les deux seules condamnations du criminel remontent à 1985 et 2000 pour des affaires d'extorsion et de méfait. La première fois, il avait écopé d'une amende de 2000$ et la seconde, de 100$.