Les dépenses considérables d'un ex-directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis, représentent «un cas individuel, pas collectif», assurent les nouveaux responsables du syndicat.

Se présentant devant les médias pour la première fois depuis les révélations explosives de la semaine dernière, les actuels président et directeur général de la FTQ-Construction ont tenu hier à rassurer leurs quelque 70 000 membres. Depuis le 12 novembre dernier, une nouvelle équipe a pris les rênes du syndicat.

 

«Dès le 12 novembre, la situation était complètement réglée. Les allocations, salaires, frais de déplacement, tout a été revu, tout a été corrigé immédiatement», affirme Richard Goyette, directeur général.

«Le point de départ de cette situation, c'est un individu, a renchéri Yves Mercure, président. La FTQ-Construction, c'est 70 000 membres, des dizaines de personnes honnêtes qui travaillent d'arrache-pied chaque jour pour représenter nos membres.»

La semaine dernière, Radio-Canada et La Presse ont révélé qu'un ex-responsable syndical, Jocelyn Dupuis, avait mené pendant plusieurs années un train de vie coûteux en frais de représentation, dépensant notamment plus de 125 000$ en six mois. Il est également visé par une enquête policière pour ses liens avec le crime organisé, dans le cadre d'une affaire de blanchiment d'argent. M. Dupuis et le président de l'époque, Jean Lavallée, ont été remplacés en novembre dernier, à l'occasion d'un congrès devancé, initialement prévu en février 2009.

Hier, les deux hommes ont dû se défendre d'être des proches des deux responsables évincés, comme l'affirment certains observateurs. «C'est une nouvelle équipe, dit M. Mercure. Je ne suis pas plus proche que d'autres de M. Dupuis, j'ai toujours eu des relations professionnelles, rien de personnel, avec M. Dupuis.»

M. Goyette, qui a travaillé pendant plusieurs années à la permanence du syndicat en même temps que M. Dupuis, a insisté sur le peu de contacts qu'il avait à l'époque avec son directeur général. «Je ne voyais à peu près pas M. Dupuis. J'assumais mon rôle de faire rouler la permanence, alors que Jocelyn Dupuis assumait les questions d'ordre politique. On n'avait pas du tout le même travail.»

À l'époque, Yves Mercure assure s'être étonné des frais de représentation en augmentation constante. Ces sommes concernaient cependant tous les permanents, et non Jocelyn Dupuis en particulier. «J'ai questionné les dépenses, les frais de représentation à quelques occasions pour me faire répondre par le président du moment qu'on avait de la représentation à faire, que c'était tout à fait normal. Je suis déçu de ne pas être allé plus loin dans la recherche à ce moment-là.»

Le nouveau directeur général a tenté de minimiser la tempête qui secoue actuellement son organisation en affirmant qu'il s'agissait de problèmes courants dans les autres organisations. «Et 26% des entreprises, des corporations, vivent le type de problèmes qu'on vit présentement. Habituellement, ça se règle à l'interne, ça ne passe pas dans les journaux. On fait partie du 26%, mais on est plus médiatisés.»

Quant aux liens présumés de M. Dupuis avec le crime organisé, le nouveau président assure ne pas avoir été au courant des liens de son prédécesseur avec le crime organisé. «Je n'en ai aucune idée, je n'en ai jamais entendu parler.»

À deux mois de la campagne de maraudage, au cours de laquelle les centrales syndicales tentent de s'arracher des membres, M. Mercure avoue que la controverse pourrait faire mal. «C'est certain qu'une campagne publicitaire comme celle-là n'aide jamais un mouvement. Oui, c'est possible qu'il y ait un impact sur le maraudage, on en est conscient. C'est pour ça qu'on veut rassurer nos membres, dire qu'il y a eu du ménage de fait à la FTQ-Construction, et qu'on va tout faire pour récupérer les sommes qui appartiennent aux travailleurs. Et on n'a pas l'intention de protéger quiconque là-dedans.»

karim.benessaieh@lapresse.ca