Même si son taux d'alcoolémie était plus élevé que la limite permise, un automobiliste de 24 ans, David Boisvert, vient d'être acquitté d'avoir causé la mort de sa copine de 20 ans, il y a quatre ans et demi, alors qu'il conduisait avec les facultés affaiblies.

David Boisvert et Mélissa Goulet étaient en route vers Montréal sur l'autoroute 13 Sud, après une soirée arrosée au club Millénium de Saint-Jérôme. Boisvert était au volant d'une camionnette. Sa copine était assise à ses côtés. Peu avant 5h du matin, Boisvert a perdu la maîtrise de son véhicule après avoir effectué un dépassement. La camionnette est passée par-dessus un muret et a fait plusieurs tonneaux. La jeune femme a été éjectée et est morte sur le coup. Boisvert, lui, s'en est tiré avec une fracture de la rotule. Il a lui-même dégagé le corps de sa copine, qui était coincé sous le véhicule.

 

Depuis le drame, l'avocate de Boisvert, Joëlle Roy, a multiplié les requêtes en droit. Hier, au palais de justice de Montréal, la juge Juanita Westmoreland-Traoré, de la Cour du Québec, a acquitté le jeune homme de l'accusation la plus grave portée contre lui.

La Couronne, représentée par Me Martin Chalifour, n'a pas réussi à prouver hors de tout doute raisonnable que le tragique accident était lié à la consommation d'alcool de Boisvert, a tranché la juge. La défense n'a pas contesté l'alcoolémie de son client (0,121, alors que la limite est 0,08).

Or, la juge a attribué le drame à une tout autre cause. Avant l'accident, David Boisvert avait modifié sa camionnette pour la surélever; il avait notamment installé de gros pneus «tout-terrain». Ces pneus ont fait en sorte que la camionnette a pu passer par-dessus le muret puis a fait des tonneaux, selon le témoignage d'un expert au procès. «Le conducteur a fait une fausse manoeuvre aggravée par la modification du véhicule», a indiqué le magistrat.

De plus, la juge a souligné que l'accusé ne montrait pas tous les symptômes des facultés affaiblies. Certes, il dégageait une odeur d'alcool, avait les yeux rouges et la bouche pâteuse. Mais, au poste de police, les agents n'ont pas constaté de démarche chancelante ni de difficultés d'élocution.

Le jeune homme a toutefois été reconnu coupable d'avoir conduit un véhicule avec une alcoolémie supérieure à la limite permise. Son permis de conduire lui a été retiré, mais il pourra le retrouver dans trois mois, à condition d'installer un appareil d'alcootest dans son véhicule. Il doit aussi verser une amende de 750$.

La Couronne songe à interjeter appel du verdict. Les proches de la jeune femme n'étaient pas présents.