La Volvo de Michèle Richard était endommagée au moment de l'arrestation de la vedette en décembre 2005 pour conduite avec facultés affaiblies. Cette preuve matérielle vient corroborer le témoignage d'un automobiliste qui a vu la voiture de Mme Richard frôler un garde-fou en louvoyant sur l'autoroute 15 ce jour-là.

Un policier de la Sûreté du Québec, Louis Compartino, a été chargé de saisir la voiture de la chanteuse. Il y a trouvé un chien et un chat. Mais surtout, une égratignure horizontale d'un mètre de longueur du côté droit du véhicule. «On voyait que le véhicule avait frotté sur quelque chose de gros à deux pieds du sol», a raconté l'agent Compartino au procès de Mme Richard, hier, au palais de justice de Saint-Jérôme. Ce procès a repris, cette semaine, après une suspension d'un an en raison de requêtes de la défense.

 

Plus tôt dans la journée, l'automobiliste qui a appelé la police pour dénoncer la «conduite erratique» d'une femme «blonde» sur l'autoroute 15, Daniel Gagné, est venu témoigner. Il aurait aimé passer son tour. «Je ne tenais pas à venir en cour quand j'ai su que c'était Mme Richard. Je n'ai jamais couru après le vedettariat», a-t-il raconté. Le 23 décembre 2005, ce résidant de Piedmont a eu peur que la Volvo de la conductrice l'emboutisse.

La Couronne, représentée par Maxime Lacoursière, a fait entendre l'appel de M. Gagné fait à la centrale 911 en fin d'après-midi le 23 décembre 2005. «J'ai peur qu'elle me ramasse (...) L'autoroute n'est pas assez large pour elle», dira-t-il au répartiteur de la centrale. Il a qualifié la conductrice de «dangereuse». «Elle s'en va tout croche. Elle se promène de gauche à droite», a-t-il ajouté sur un ton énervé.

En matinée, l'avocate de Mme Richard, Me Roxane Hamelin, a obtenu l'exclusion d'une partie de la preuve. Le jour de son arrestation, Mme Richard a rempli un formulaire dans lequel elle a décrit sa consommation d'alcool. Son avocate a plaidé que cette déclaration n'avait pas été faite de façon libre et volontaire et qu'elle devait être exclue, ce à quoi le juge Jean Sirois a consenti.

Mme Richard a brièvement témoigné pour dire que les policiers ne lui avaient pas révélé l'existence du «scénario de consommation» avant qu'elle ne commence à le remplir. Elle croyait que les questions faisaient partie du test obligatoire d'alcoolémie. «Je croyais que j'étais encore en processus d'examen», a expliqué l'artiste de 62 ans. Les policiers ne lui ont pas précisé, non plus, qu'elle avait le droit de refuser d'y répondre, a-t-elle souligné. Son contenu ne sera donc pas mis en preuve.

«L'impact de cette décision est assez minime», a commenté le procureur de la Couronne, Me Lacoursière, à sa sortie de la salle de cour. Michèle Richard a échoué à deux reprises à l'alcootest avec des taux de 0,144 et de 0,135, soit près du double de la limite permise (0,08) le jour de son arrestation.

La preuve de la poursuite est close. Le procès se poursuivra les 23 et 24 juillet prochains. Ce sera au tour de la défense de faire entendre ses témoins. Me Hamelin compte faire témoigner un expert pour contester la fiabilité de l'appareil qui a mesuré le taux d'alcoolémie dans le sang.

C'est la troisième fois que Michèle Richard est accusée d'avoir conduit avec les facultés affaiblies. Elle a été acquittée une première fois dans la région de Québec. Elle a également une cause en cours devant la cour municipale de Montréal.