Vingt-trois personnes arrêtées jeudi, lors de la rafle visant les Hells Angels et leurs associés du gang Syndicate, sont restés détenues au terme de leur comparution, hier matin, tandis que 18 autres ont obtenu une liberté sous caution.

Exceptionnellement, une salle d'audience de la Cour du Québec a ouvert ses portes à 8h hier matin, pour cette procession de 41 personnes, faisant face à des accusations liées au trafic de stupéfiants. Dix-sept d'entre elles font face en outre à des accusations de gangstérisme. C'est le cas notamment de Fernand Lauzon, 68 ans, qui, ironiquement, serait le père d'une policière. Les comparutions se sont effectuées au moyen de la vidéoconférence, puisque les accusés se trouvaient au Centre opérationnel Nord. L'exercice, présidé par le juge Michel Bellehumeur, s'est déroulé rondement. À 9h30, tout était terminé. Ceux qui ont obtenu un cautionnement ont dû accepter de se plier à diverses conditions, dont un dépôt et un engagement en argent allant, pour la plupart, jusqu'à 15 000$. Diverses restrictions leur ont été imposées, notamment un couvre-feu, l'interdiction de communiquer avec les coaccusés et de posséder un téléphone portable, à moins que ce soit pour un travail légitime et rémunéré. Ceux dont la Couronne a contesté la mise en liberté reviendront devant le tribunal le 18 février pour leur enquête sous mise en liberté. Gregory Wooley, qui achève de purger une peine au pénitencier de Kingston, n'a pas voulu être représenté par avocat, hier. «Je veux pas d'avocat, je veux juste la preuve. Après ça, je vais revenir avec un avocat», a dit le fondateur des Syndicate, qui avait été recruté en 1994 par le chef des Hells Angels Nomads, Maurice Boucher.

 

Au terme de l'audience, le procureur de la Couronne Francis Cloutier a indiqué aux médias que l'enquête avait duré deux ans. Il a parlé d'une preuve de grande ampleur, qui inclut, entre autres, des «centaines de milliers de conversations électroniques». En fin de journée, hier, le Service de police a donné un bilan, signalant que 54 arrestations avaient été effectuées depuis le début de l'opération. Certaines de ces personnes comparaîtront par sommation. Enfin, une employée civile du Service de police a été interceptée lors de l'opération jeudi, mais on ignorait hier si des accusations seraient portées contre elle. «L'enquête est toujours en cours», a-t-on indiqué au SPVM.

Rappelons que 600 policiers ont participé à cette opération de l'unité mixte sans frontières, qui visait trois organisations criminelles, soit les Syndicate, un gang de rue des bleus et un groupe criminel du sud-ouest de Montréal. Soixante-six perquisitions ont eu lieu à Montréal et ailleurs, qui ont résulté en plusieurs saisies de drogues, dont 41 kilos de cocaïne, 25 armes et 600 000$ en argent comptant.