L'Association des procureurs de la Couronne du Québec a déploré, hier, «l'exode» de ses procureurs en raison d'une charge de travail trop lourde et des salaires trop bas.

Dans la dernière année, au moins sept procureurs de la Couronne du bureau de Montréal ont quitté leur poste, dont trois sont partis en Alberta pour occuper les mêmes fonctions à un salaire 40% plus élevé, a indiqué le président de l'Association, Me Christian Leblanc.

 

Pas plus tard que cette semaine, un procureur «expérimenté et hautement respecté», Me Steve Magnan, du bureau de Québec, a démissionné pour devenir avocat de la défense. «Comme beaucoup d'autres procureurs, il était exaspéré que les choses ne changent pas. On perd un autre procureur d'expérience qui sera remplacé par un jeune qui sort de l'école», se désole Me Leblanc.

Au total, il y a 419 procureurs de la Couronne provinciaux et 48 fédéraux au Québec.

Mal payés

À l'exception des sept procureurs de l'Île-du-Prince-Édouard, les procureurs de la Couronne du Québec sont les plus mal payés au Canada. Par rapport à certaines provinces, le retard salarial est de près de 50%, selon l'Association des procureurs.

De plus, le Québec détient le pire ratio du nombre de procureurs par habitant au Canada, ajoute-t-il. «Le temps accordé aux victimes d'actes criminels ainsi que les services offerts à la population générale s'en trouvent affectés», ajoute Me Leblanc.

De son côté, l'employeur, le bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), dit qu'il ne détient pas de comparaisons salariales avec les autres provinces. Il réfute tous les autres arguments du syndicat. «C'est clair pour nous qu'il (le syndicat) pose les jalons, dans les médias, pour les prochaines négociations en 2010», a dit la porte-parole du DPCP, Martine Bérubé.

Depuis la création du DPCP en mars 2007, 144 postes occasionnels ont été transformés en postes permanents, fait-elle valoir. De plus, quelque 180 postes ont été créés dans les bureaux de la Couronne depuis 2002-2003, dont une majorité de procureurs, toujours selon l'employeur.

Autre son de cloche

Le DPCP refuse de parler «d'exode». Parmi les sept procureurs de Montréal qui sont partis récemment, deux ont pris une préretraite, un autre a été nommé juge de paix et un autre encore est parti travailler pour la déontologie policière. Les trois derniers ont effectivement déménagé en Alberta, reconnaît Mme Bérubé. «Ces départs ne sont pas inquiétants. Ces gens-là ont été remplacés ou le seront prochainement», a dit la porte-parole du DPCP.

Les conditions de travail des procureurs de la Couronne doivent s'améliorer avant les prochaines négociations prévues en 2010, sinon «on frappera un mur», a averti Me Leblanc, de l'Association. Les procureurs contestent actuellement en Cour supérieure le décret gouvernemental de 2005 (loi 43) concernant les conditions de travail dans le secteur public. Ce décret a eu pour effet de leur imposer des conditions de travail jusqu'en 2010, alors que leur contrat de travail n'était pas échu.