Le procès des frères Sawab a tourné court, hier, au palais de justice de Longueuil. Deux des trois frères, soupçonnés par la police d'être des proxénètes, ont été acquittés de toutes les accusations portées contre eux.

Ainsi, Youssef et Youness Sawab ont pu quitter la salle d'audience en hommes libres. Leur jeune frère Rabii a plaidé coupable à deux des six chefs qui pesaient contre lui. Il s'est reconnu coupable d'avoir hébergé et transporté une mineure en vue de l'exploiter ainsi que d'avoir incité une seconde mineure à se prostituer. Le jeune homme de 20 ans a été libéré des autres accusations.

 

«Ça fait trois ans qu'on ne respire pas. On ne se sentait pas libres avec ces grosses accusations qui pesaient contre nous. Aujourd'hui, on est soulagés, mais je suis quand même triste pour mon petit frère. Il ne mérite pas ce qui lui arrive», a dit Youssef, 25 ans, à sa sortie de la salle d'audience.

Le quatrième accusé, Kevin Georges Sorel, a aussi plaidé coupable à deux chefs d'accusation, soit d'avoir vécu des fruits de la prostitution d'une femme adulte (sa copine) et d'avoir hébergé une mineure dans une maison de débauche.

La Couronne et la défense en sont venues à cette entente en matinée, au troisième jour du procès prévu pour durer une semaine. L'avocate de la défense, Josée Goulet, menait un contre-interrogatoire depuis la veille, lors duquel elle a réussi à mettre en contradiction à plusieurs reprises la première victime de Rabii Sawab.

La victime, une jeune autochtone élevée en centre d'accueil, s'est sentie mal au point de vomir dans la salle de cour. La veille, son récit des événements survenus en 2006 était déjà ponctué de larmes et de trous de mémoire.

La victime a fugué du centre d'accueil avec une copine le 19 octobre 2006. Cette copine a une soeur aînée qui s'était déjà prostituée. Cette dernière lui a ainsi refilé le numéro de téléphone des frères Sawab. Rabii a envoyé un chauffeur chercher «une fille», sans savoir que la jeune autochtone l'accompagnait.

«Les Sawab ont été surpris qu'il y ait une seconde fille. Elle n'était pas la bienvenue», a expliqué, hier, l'avocat de Rabii, Charles Montpetit. Rabii s'est débarrassé de la jeune autochtone pour l'envoyer chez Kevin Georges Sorel, dont la copine faisait de la prostitution. «Rabii a fait de l'aveuglement volontaire», a ajouté Me Montpetit.

La jeune autochtone a quitté l'appartement de Sorel au lendemain d'une soirée où elle a raconté avoir été violée et forcée de faire une fellation à un inconnu. Elle a alerté les policiers qui ont retrouvé la seconde victime, deux jours plus tard, chez les Sawab. Cette seconde victime a offert à Rabii de faire de la prostitution, a précisé Me Montpetit.

Les frères Sawab vivent avec leurs parents, leur grand-mère et au moins un enfant à La Prairie, sur la Rive-Sud.

La Couronne, représentée par la procureure Louise Leduc, avait identifié quatre victimes. L'une d'entre elles est introuvable depuis deux ans. Une autre est dans un état de grande instabilité, a indiqué Me Leduc à sa sortie de la cour. Dans ces circonstances, l'avocate est satisfaite de la conclusion de l'affaire. Me Leduc plaidera pour une peine d'incarcération ferme lors des plaidoiries sur la sentence qui auront lieu le 13 mai. La défense a demandé des rapports avant sentence.