Des centaines de personnes ont rendu un dernier hommage hier au couple de septuagénaires morts lundi dernier sous les roues d'un camion de déneigement. Des membres des familles de Solange St-Onge et de Jean-Paul Pinet ont profité de la triste journée pour lancer un appel aux élus de Montréal afin que les pratiques de déneigement soient modifiées.

La cérémonie s'est déroulée à la chapelle du complexe funéraire Saint-François-d'Assise, dans le quartier Anjou. Devant une salle pleine à craquer, la soeur de Solange St-Onge, Luce, a prononcé un discours émouvant sur la vie de sa «deuxième mère».

 

«Elle était très dévouée, toujours disponible pour nous écouter, le jour, mais la nuit surtout, devant une bonne tasse de café... Elle était très généreuse. Plus jeune, elle a laissé son cours d'infirmière pour prendre soin de nous lorsque maman était malade.»

«Jean-Paul était un syndicaliste dans l'âme, un grand revendicateur, a-t-elle ajouté. Espérons que ton départ aussi brutal revendiquera plus de sécurité pour les piétons de Montréal.»

Lors d'un entretien avec La Presse, samedi, le frère de Jean-Paul Pinet s'est montré très critique envers les pratiques de déneigement de la Ville de Montréal. Il a toutefois indiqué que les deux familles n'entendent pas intenter de poursuites contre la municipalité ou la société sous-traitante Transport DM Choquette, pour qui travaille le conducteur qui a fauché son frère.

«C'est un accident malheureux, mais j'espère qu'ils vont en tirer une leçon, a affirmé Ghislain Pinet. Je comprends que les dirigeants doivent vivre avec la pression des contribuables, mais quand un entrepreneur vient réclamer 200 chargements de neige en trois jours, ils jouent à l'autruche s'ils n'y voient pas un problème. Ils le savent que le conducteur n'a pas dormi. Le camion ne fonctionne quand même pas tout seul!»

Solange St-Onge, 72 ans, et Jean-Paul Pinet, 71 ans, ont été happés par un camion de déneigement alors qu'ils traversaient la rue Sherbrooke à l'angle de la rue Champlain vers 9h45 le 2 février. Quelques heures plus tard, une autre septuagénaire a péri dans des circonstances similaires alors qu'elle marchait rue d'Iberville, près de la rue Fleury.

La police refuse de blâmer les conducteurs des camions avant que l'enquête soit terminée.

Au lendemain du drame, plusieurs intervenants avaient toutefois critiqué la méthode de paiement des firmes auxquelles la Ville confie l'enlèvement de la neige. Contrairement aux cols bleus, ces entreprises sont payées au volume de neige qu'elles transportent.

«J'espère qu'ils ne sont pas morts pour rien, dit Ghislain Pinet. Le maire Tremblay doit réajuster le tir parce que, pour l'instant, je ne suis pas impressionné par sa déclaration sur la responsabilité des piétons.»