«Je trouve que c'est un crime, tout simplement.»

Depuis deux jours, Guy Lanouette tente de saisir l'ampleur du drame qui s'est abattu sur lui, ses cinq enfants et ses huit petits-enfants.

Sa femme Lucie Rivard-Lanouette est l'un des trois piétons morts mardi sous les roues d'un camion de déneigement. La dame de 76 ans a été happée vers 14h30 au coin des rues Fleury et D'Iberville. Elle revenait à pied d'un rendez-vous chez le médecin.

«Je pense que je ne réalise pas encore ce qui nous arrive, a soufflé l'octogénaire, joint par La Presse à son domicile du quartier Ahuntsic. Mais je sais que la manière dont les camionneurs conduisent n'a pas de bon sens.»

Lucie Rivard-Lanouette a été heurtée par l'arrière du camion de déneigement alors qu'elle traversait la rue d'Iberville. Les policiers ont dit à Guy Lanouette que la conductrice du camion, qui avait pris trois jours de repos avant la journée du drame, n'avait pas vu sa femme.

«Personnellement, je pense qu'elle a tourné trop vite, a dit Guy Lanouette, la voix brisée. Ma femme n'a pas eu le temps de traverser.»

Lucie Rivard-Lanouette était alerte, active, fière. L'une des dernières images qui lui restera d'elle est celle d'une toile jaune recouvrant son corps, au milieu de la rue.

L'homme avait le cancer

Les deux autres victimes de l'accident survenu en matinée mardi devant le parc La Fontaine se rendaient à l'hôpital Notre-Dame. Jean-Paul Pinet, 71 ans, y était traité pour un cancer de la prostate. Sa conjointe Solange St-Onge, d'un an son aînée, l'accompagnait.

Le fils de M. Pinet, Jasmin, a appris le décès de son père mardi soir quand son frère l'a appelé. Jasmin Pinet avait entendu la nouvelle à la radio pendant la journée, mais il ignorait que son père était l'une des victimes.

«J'aurais aimé qu'il ne meure pas dans de telles circonstances», a dit Jasmin Pinet, qui attend de voir les résultats de l'enquête du coroner avant de porter tout autre jugement.