La Gendarmerie royale du Canada et la Sûreté du Québec ont annoncé ce matin la formation d'une nouvelle équipe d'enquête permanente chargée de lutter contre la criminalité entourant les oeuvres d'art.

L'équipe, composée de deux enquêteurs de la SQ et de deux enquêteuses de la GRC, a été officiellement mise sur pied en septembre, mais elle a déjà fait ses preuves sur le terrain. La semaine dernière, son travail a mené à l'arrestation de Richard McClintock, un faussaire de 50 ans qui s'est présenté dans des galeries de la région de Québec pour y vendre de fausses oeuvres de Riopelle, de Marcelle Ferron et de Paul-Émile Borduas. Les policiers ont saisi près de 80 faux dans son atelier, et déposé 75 chefs d'accusation de fraude, de fabrication de faux et de possession de biens criminellement obtenus.

En collaboration avec la police de Saint-Eustache, les quatre enquêteurs ont aussi arrêté un voleur de monuments de bronze, qui commettait ses délits dans les parcs et les institutions.

L'équipe intégrée de la SQ et de la GRC a conclu une entente de collaboration avec Interpol et l'Agence des services frontaliers. «Les crimes liés aux oeuvres d'art sont un créneau émergeant. Le crime organisé s'y adonne de plus en plus, entre autres pour faire du blanchiment d'argent ou pour recycler les produits de la criminalité, explique l'inspecteur Michel Forget, chef du Service des enquêtes sur les crimes économiques à la SQ. Cette équipe intégrée nous permet d'avoir une portée beaucoup plus large au Canada.»

En plus de vols et des fraudes d'oeuvres d'art, les enquêteurs spécialisés ont aussi pour mandat d'aider les douaniers à contrôler les oeuvres d'art qui entrent au pays. «Récemment, nous avons eu un cas où un homme entrant au Canada a déclaré à la douane une oeuvre d'art en disant qu'elle valait seulement 200 $, alors qu'elle était évaluée à 200 000 $. Notre expertise, dans ce type de cas, peut rapporter beaucoup en récupérant des taxes non payées», estime l'inspecteur Forget.

Pour mener ses enquêtes à terme, l'équipe compte sur un réseau de plus de 2000 spécialistes de l'art, qui connaissent chacun un nombre limité d'artistes dans le moindre détail. «Dans la plupart des cas, je suis capable de reconnaître en quelques coups d'oeil un tableau authentique d'un faux, explique l'enquêtrice de la GRC Marketa Jarosova, détentrice d'une maîtrise en histoire de l'art. Mais je vais toujours contacter un de ces spécialistes pour ajouter des détails aux soupçons que je peux avoir.»

En vertu d'ententes déjà signées par la SQ, l'équipe partage sa base de données avec celles des policiers français, belges et italiens. La SQ a également mis sur pied le service Art Alerte, qui lui permet, grâce à Internet, d'entrer en contact avec plus de 50 000 marchands, policiers et spécialistes de l'art disséminés dans 75 pays.