Reconnu pour ne pas faire dans la dentelle, le caïd Francesco Arcadi, successeur désigné du clan sicilien pour remplacer Vito Rizzuto «sur le terrain», semble avoir trouvé un alter ego de taille en prison. Il a été sévèrement rossé sous les yeux d'autres détenus.

Un porte-parole du Service correctionnel canadien (SCC) a confirmé, hier, qu'une bagarre «éclair» avait eu lieu dimanche au Centre régional de réception de Sainte-Anne-des-Plaines, mais il a refusé de mentionner les noms des belligérants. L'un d'eux, en l'occurrence Arcadi, a-t-on appris d'autres sources, s'est retrouvé à l'infirmerie de l'établissement pour soigner des contusions au visage.

 

Selon les gardiens qui ont informé La Presse, la chicane aurait éclaté au cours d'une «activité commune» à laquelle participait Arcadi et d'autres détenus. «À un moment donné, Arcadi s'est mis à gueuler fort, puis ça s'est mis à crier à tue-tête et la bagarre a pris», a expliqué l'un d'eux, sans vouloir en dire plus. D'autant que la direction de l'établissement a ordonné une enquête interne.

De prime abord, il ne semble pas que des considérations ethniques soient à l'origine de la confrontation, même si c'est un Noir de forte stature qui s'en est pris au chef mafieux. D'autres détenus ont été témoins de la scène. Fraîchement condamnés, ils sont tous, à l'instar de Francesco Arcadi, en attente d'un transfert dans un autre établissement carcéral fédéral. Arrêté à la fin de 2006 lors de la fameuse opération Colisée, Arcadi a écopé de 15 ans de pénitencier, l'automne dernier.

Le clan sicilien encore visé

C'est au moins la deuxième fois qu'un membre du clan sicilien est pris à partie depuis la rafle de 2006. Il y a quelques mois, Lorenzo Giordano, un des hommes de confiance d'Arcadi, a été pris à partie par des membres d'un gang de rue. Il s'était lui aussi retrouvé fort mal en point. L'incident s'était déroulé à la prison de Bordeaux, où il était de passage en attendant la tenue de son procès. Il a depuis plaidé coupable. Il connaîtra sa sentence le 9 février prochain, au palais de justice de Montréal.

Dans ce cas, il semble que Giordano ait fait l'objet de représailles en marge de la publication d'extraits de conversations interceptées au bar Consenza dans lesquelles les mafiosi siciliens traitent les membres de gangs de rue de vulgaires singes.