Jugeant que les risques sont trop élevés, le juge Jean-Pierre Boyer a refusé, hier, d'accorder la liberté sous cautionnement à Martin Lavergne. Ce travailleur social de 48 ans, en congé depuis plus de trois ans pour dépression, est accusé de délits à caractère sexuel.

En fait, il a été arrêté deux fois depuis 2006 à ce sujet. En mai 2006, il avait été accusé parce qu'il avait chez lui du matériel de pornographie juvénile. Il s'agissait de DVD et de cassettes mettant en scène beaucoup d'enfants de moins de 10 ans, ainsi que des adultes en train d'agresser sexuellement des jeunes de 10 à 12 ans. Les policiers avaient en outre trouvé entre 30 et 50 cassettes, d'une durée de six à huit heures chacune, qui avaient été filmées sous les jupes des femmes, de toute évidence à leur insu, et en différents endroits publics. Sur deux des cassettes, on pouvait apercevoir le visage de Lavergne, ce qui démontre que c'est bien lui qui filmait. Les policiers n'ont cependant jamais trouvé le dispositif dont il se servait. Quoi qu'il en soit, il avait été accusé à l'époque et avait été libéré sous condition en attendant son procès. Entre autres conditions, il ne devait pas aller dans les parcs. Mais voilà, le 13 octobre dernier, il se trouvait au parc Sainte-Élisabeth, à Émard, et il était complètement ivre. Il aurait fait signe à des enfants de s'approcher de lui, avant de baisser son pantalon, de s'accroupir près d'un arbre et de commencer à déféquer. Les enfants ont prévenu un passant, qui a donné une raclée à Lavergne, le rouant de coups de pied au point où il lui a cassé le nez. L'auteur de cette correction n'a jamais été identifié.

 

En détention en attendant le procès

Quoi qu'il en soit, dans la foulée de cette affaire, Lavergne a été accusé d'action indécente et n'a jamais pu recouvrer la liberté. Il espérait bien y parvenir, hier. Son avocat, Pierre Joyal, a fait valoir qu'on pourrait le laisser sortir afin qu'il puisse aller en thérapie et se faire soigner pour ses troubles psychiatriques. L'homme, qui a des problèmes de dépression majeure, souffrirait peut-être aussi de bipolarité. «Si on le laisse à Rivière-des-Prairies, on ne va nulle part, car il n'aura pas de soins», a dit Me Joyal.

La procureure de la Couronne Nathalie Brissette était pour sa part d'avis que Lavergne devait rester détenu. «Il est malade, mais est-ce sa maladie qui a causé les crimes? On ne peut pas le dire. Il est malade, mais il peut être un danger pour la société. Et l'état d'ébriété n'amenuise pas la responsabilité criminelle», a-t-elle plaidé. Après réflexion, le juge a préféré garder Lavergne détenu en attendant son procès pour les deux affaires. Il sera de retour devant le tribunal le 18 février prochain.