L'interdiction de révéler les noms des deux conjoints a été durement malmenée hier. Jeff Fillion, LCN et deux médias américains ont tour à tour dévoilé à leur façon l'identité du fameux milliardaire montréalais impliqué.

À 7h30, pendant son émission Radio-Pirate diffusée via satellite, le controversé animateur Jeff Fillion s'est amusé pendant une trentaine de secondes à donner des indices aux auditeurs sur le métier du fameux conjoint poursuivi. Pas moyen de s'y tromper. «C'est le symbole de la gogauche, de la réussite du modèle québécois», a-t-il conclu avec dérision.

Quelques heures plus tard, c'est sur LCN qu'un animateur s'est échappé, bien involontairement cette fois. «On me dit également qu'au Brésil, il y a une cause actuellement qui sera entendue. Elle demande la moitié de sa fortune personnelle et la moitié du chiffre d'affaires en fait de (nom de l'entreprise du conjoint)», a déclaré le journaliste Sylvain Drapeau avant de réaliser sa bévue et de bafouiller. La porte-parole de TVA, Nicole Tardif, a reconnu la bourde et a expliqué que l'extrait n'avait été diffusé qu'une fois. Il n'a pas été rendu disponible sur l'internet.

«Ce n'était pas intentionnel, ce n'était pas de mauvaise foi», dit Mme Tardif. En fin d'après-midi hier, TVA n'avait toujours pas reçu de nouvelles des avocats concernant cette infraction aux règles de confidentialité. Au Québec, le Code civil prévoit taire les noms des parties dans les cas de litiges en droit familial.

L'avocat Jean-Claude Hébert doute cependant que les sanctions soient sévères. «Généralement ce sont des amendes, ça va dépendre de ceux qui décident. Si personne ne se plaint, la police et la Couronne vont dire qu'on ne fera pas un chiard avec ça.»

Radio-Canada avait révélé la veille que des journalistes des États-Unis, à l'emploi du New York Times et de Vanity Fair, assistaient au procès et s'apprêtaient à publier leurs reportages, avec les noms des parties, sur leur site internet. La Presse n'a pas pu obtenir confirmation de ces informations. Rien n'empêcherait théoriquement des journalistes de procéder ainsi, estime Me Hébert. «La loi québécoise et la loi canadienne s'arrêtent aux frontières. Généralement, ce qui se passe, c'est que ces gens-là peuvent mettre la nouvelle sur l'internet et hop! Ça revient ici. Le secret de Polichinelle qu'on voulait cacher va être divulgué à tout le monde.»

Chose certaine, selon Me Hébert, les lois sur la confidentialité sont particulièrement inadaptées à l'omniprésence de l'internet. «Ça démontre le caractère très relatif et archaïque des ordonnances de non-diffusion et de non-publication. Dès que ça devient des célébrités, c'est clair que ça va passer par l'internet et la nouvelle va être diffusée.»