Le ménage qu'a fait la police il y a quelques années n'était pas suffisant. Le nombre de commerces de prêt sur gages, communément appelés pawn shops, a triplé depuis 15 ans à Montréal. Et la vente de biens volés demeure omniprésente.

Avec des centaines d'accusations portées chaque année pour recel, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a décidé de serrer la vis aux prêteurs sur gages. Dorénavant, les propriétaires de ce type de commerce devront s'afficher clairement et rendre des comptes quotidiennement.

 

Rue Ontario, plus on va vers l'est, plus ces commerces sont nombreux. Le quartier est défavorisé. Les devantures des prêteurs sur gages sont rutilantes, colorées. «Achat-rachat», annonce Comptant Ontario, à deux pas du boulevard Pie-IX. Le propriétaire, Yves, explique qu'il est en affaires depuis 16 ans. Il n'est pas inquiet de la nouvelle loi.

«Acheter du stock volé, ça ne m'intéresse pas, assure-t-il. Moi, j'enregistre tous les jours mes données dans le système informatique de la police, avec les numéros de série, la description, etc. Je pense que, depuis que le SPVM a sévi dans les cavernes d'Ali Baba, la situation s'est améliorée à Montréal. Le recel se fait surtout dans la rue et sur l'internet.»

N'empêche. L'an dernier, en une centaine de visites, une unité d'enquête a retrouvé 156 objets volés dans le nord de Montréal. Le nombre d'objets volés était sensiblement le même en 2007. Bon an mal an, on porte plus de 150 accusations sous différents chefs liés au vol.

Avec la nouvelle loi, approuvée cette semaine par le comité exécutif de la Ville de Montréal, les prêteurs sur gages devront obligatoirement tenir un registre informatique à jour. Les articles qui n'ont pas de numéro de série, comme les bijoux, devront être photographiés. Et les brocanteurs ne pourront plus refuser une visite «surprise» des 500 enquêteurs qui ont accès au registre sur le territoire de Montréal.

«On avait auparavant huit règlements différents dans la région», explique le commandant Guy Ouellet, de la division Nord, un quartier particulièrement riche en commerces de prêt sur gages. «Avec la nouvelle loi, les règles sont plus précises. Et les amendes passent du simple au double», ajoute le commandant.

L'analyste du SPVM pour la région Nord, Pierre Urbain, a colligé des données pour mesurer l'ampleur du problème. Selon lui, les voleurs ne s'intéressent plus aux mêmes objets. On parle maintenant de vols de iPod, de iPhone et de GPS, des appareils qui ont souvent la même allure mais qui ont un numéro de série.

L'homme précise qu'au moins 30% des biens ne sont pas inscrits dans le registre informatique de la police de Montréal. La nouvelle réglementation qui sera soumise au prochain conseil municipal, le 26 janvier, viendra donc donner du mordant aux enquêtes sur le terrain.