Le matin du 15 août 2006, quand un policier de l'État du Vermont lui a demandé où était son fils Nicholas, la Québécoise Louise Desnoyers a répondu qu'il était «dans une belle place.» Peu après, elle a dit que l'enfant était «mort, dans l'eau».

Ces propos, de même que d'autres que Mme Desnoyers a tenus à un prêtre deux jours plus tard, devraient être exclus de la preuve qui sera présentée au jury du procès qu'elle subira pour le meurtre prémédité de son fils de 8 ans. Ce sont du moins les requêtes que Me Robert Katims, avocat de Mme Desnoyers, a faites au juge Michael Kupersmith, hier, au palais de justice de Saint Albans, au Vermont. Déclarée apte à subir son procès l'automne dernier, après une période d'inaptitude de plus de deux ans, Mme Desnoyers assistait à l'audience, hier. De fait, elle a paru beaucoup moins en détresse et affolée que les autres fois. Ce qui ne l'a pas empêchée de pleurer et de trembler en écoutant le récit de deux témoins appelés à la barre.

 

James Claremont, détective à la police de l'État du Vermont, a raconté que le 15 août 2006, vers 14h, il s'est présenté à l'hôpital de Burlington, où Mme Desnoyers avait été amenée quelques heures plus tôt.

On cherchait à savoir ce qui était arrivé à son fils de 8 ans, qui était introuvable. Mme Desnoyers était elle-même mal en point. Elle avait été trouvée dans une grange, avec des barbelés sur elle. On lui faisait boire un liquide noir pour neutraliser ce qu'elle avait ingurgité (possiblement du lave-glace.) Elle passait constamment de l'inconscience à la conscience.

Le détective lui tapait sur l'épaule pour qu'elle réponde à ses questions. Quand il lui a demandé pourquoi son fils était mort dans l'eau, Mme Desnoyers a mimé le geste de tenir la tête de quelqu'un sous l'eau et a dit: «Je l'ai tué.» Elle a ajouté qu'elle avait attaché le poignet du petit à une bouée. Interrogée sur l'endroit où ce dernier se trouvait, elle a dit qu'il était près d'une enseigne de cottage à louer. L'enfant a été retrouvé noyé dans le lac Champlain, dans le secteur d'Isle la Motte, un endroit de villégiature.

Deux jours plus tard, le 17 août 2006, un prêtre est venu rencontrer Mme Desnoyers à l'hôpital. Un agent des services correctionnels, Jack Gouin, se trouvait sur place puisque la Montréalaise était sous constante observation. Le prêtre n'a pas demandé à parler en privé à Mme Desnoyers, et M. Gouin a entendu la conversation. Mme Desnoyers a dit au prêtre qu'elle ne voulait que mourir. «Elle disait que son mari ne voulait plus d'elle et que tout le monde la haïssait pour ce qu'elle avait fait. Elle a raconté qu'elle avait amené son fils au lac Champlain parce que c'était un endroit où ils avaient déjà eu du bon temps. Elle a dit qu'elle avait poussé son fils dans l'eau, puis qu'elle avait essayé de le rejoindre mais que ça n'avait pas marché. Elle a aussi signalé qu'elle avait deux fils. L'un était avec son mari et l'autre était mort», a expliqué M. Gouin.

Le juge doit décider si ces propos sont admissibles en preuve, malgré les circonstances dans lesquelles ils ont été dits et l'état dans lequel l'accusée se trouvait. Le magistrat a dit qu'il rendrait sa décision rapidement.

Le procès pourrait avoir lieu autour du 30 mars. Hier, Me Katims a expliqué que la femme de 51 ans doit subir une intervention chirurgicale au début février, mais il n'en a pas précisé la nature.

À l'époque du drame, Mme Desnoyers, enseignante du primaire, résidait à Ahuntsic avec son conjoint de longue date et leurs deux fils. Nicholas était le cadet. Mme Desnoyers aurait sombré dans la dépression parce que son conjoint voulait la quitter. Me Katims compte défendre Mme Desnoyers en invoquant la folie au moment des faits.