Le chirurgien plastique Marc Bissonnette a déjà écopé d'une radiation de cinq ans en 1995, puis d'une autre de dix ans en 2006 pour des agressions et attouchements sexuels sur des patientes. En juin dernier, le Dr Bissonnette a été reconnu coupable d'attouchements sur deux nouvelles patientes. Cette fois-ci, le syndic du Collège des médecins espère que le médecin sera interdit à tout jamais de pratiquer la médecine.

«C'est la seule façon, à mes yeux, de protéger le public», a plaidé hier le procureur du syndic, Me Jacques Prévost.

Le Dr Marc Bissonnette a été reconnu coupable en juin dernier d'inconduite sexuelle sans relation sexuelle complète sur deux patientes qu'il a opérées en 2002 et 2003. Hier, au cours des plaidoiries sur la sanction du conseil de discipline du Collège des médecins, le procureur du syndic a réclamé une radiation permanente du chirurgien du tableau des membres du Collège des médecins, ainsi qu'une révocation de son permis de pratiquer la médecine.

 

Il s'agit des sanctions les plus sévères qui peuvent être imposées par le conseil de discipline. Me Prévost estime que les deux mesures sont nécessaires pour éloigner définitivement le Dr Bissonnette de la médecine, puisqu'une radiation permanente seule peut faire l'objet d'une recommandation en grâce pour être écourtée.

Le procureur a justifié sa demande en soulignant que le médecin a déjà été reconnu coupable d'infraction de nature sexuelle sur deux autres patientes et qu'il n'a pas respecté les limitations que le conseil de discipline lui avait imposées. Le Dr Bissonnette ne pouvait notamment opérer en clinique lorsque les sédatifs qu'il administrait pour opérer entraînaient une perte de conscience ou de connaissance. Il ne pouvait non plus opérer seul: il était toujours accompagné d'une infirmière, par exemple, parce que sa paraplégie pouvait l'empêcher de venir en aide à ses patients dans certaines situations.

Les deux patientes avaient consulté le Dr Bissonnette pour une augmentation mammaire. Dans un cas, la patiente a dit s'être éveillée après avoir senti les doigts du chirurgien dans son vagin. L'autre patiente a décrit des attouchements au clitoris alors qu'elle se trouvait en salle de réveil et toujours sous anesthésie. Les deux femmes ont porté plainte après que les médias eurent fait état du passage de Dr Bissonnette devant le conseil de discipline en 2005.

Aucun remords

Au cours des audiences le printemps dernier, le Dr Marc Bissonnette a nié avoir commis de tels attouchements. Il a expliqué qu'il était «possible qu'il ait touché à la région du pubis» lorsqu'il s'est appuyé sur le corps de ses patientes pour examiner la poitrine. Le conseil de discipline ne l'a pas cru.

Hier, le Dr Bissonnette a répété qu'il y avait eu «méprise» sur ses intentions. «Je n'ai pas de remords, mais je suis désolé pour mes patientes.»

Le procureur du syndic lui a demandé si, après les verdicts de culpabilité de 1995, de 2006 et de juin dernier, il avait consulté un psychologue ou un psychiatre. Non, a répondu le Dr Bissonnette. «Je sais ce qui s'est passé. Il ne s'est rien passé. Alors, je n'ai pas consulté.»

L'absence de remords ne peut pas être considérée comme un facteur aggravant dans la détermination de la sanction, a reconnu Me Prévost, mais il s'agit clairement d'un «manque de facteurs atténuants». «C'est un négationneur», a dit Me Prévost.

«Ce qui est particulièrement grave, c'est la vulnérabilité des patientes» qui étaient sous sédation, a plaidé Me Prévost. Imposer de nouvelles limitations ne servirait à rien: le médecin a réussi à faire ces gestes pendant l'absence momentanée d'infirmières qui l'assistaient constamment. «Il a joué d'audace, il a réussi à ne pas respecter les limites et à contourner la présence des infirmières.»

Le Dr Bissonnette n'a fait aucun commentaire aux médias hier. Son avocat, Me Robert Jean Chénier, a suggéré au conseil d'imposer une radiation temporaire et une amende, compte tenu de la jurisprudence dans des cas similaires.

Le Dr Bissonnette a déjà porté en appel devant le Tribunal des professions les sanctions de radiation provisoire imposées en 2006. La cause est présentement en délibéré.