Le juge Claude Parent fera savoir le 11 février prochain si Guy Lafleur devra avoir un procès sous une accusation voisine du parjure, ou s'il y aura arrêt du processus.

Hier, le magistrat a écouté les plaidoiries des avocats, qui débattaient sur la requête en arrêt des procédures présentée par Guy Lafleur. Me Louis Belleau, qui représente le célèbre numéro 10 du Canadien, estime que le mandat d'arrestation visé lancé contre M. Lafleur en janvier 2008 était abusif et illégal. Selon lui, la Couronne, la police et le juge qui a signé ce mandat ont commis une erreur, violant ainsi les droits constitutionnels de M. Lafleur. «On a une concordance de violation de ses droits de la part de tous les intervenants... Un mandat d'arrestation, c'est oppressif quand ce n'est pas nécessaire», a-t-il plaidé. Selon lui, il aurait fallu utiliser l'accusation par sommation. M. Lafleur est un personnage bien connu, facilement trouvable et il n'y avait aucun risque qu'il fasse faux bond à la justice. Par ailleurs, il n'y avait pas d'urgence, puisque l'infraction reprochée (avoir livré des témoignages contradictoires dans le cadre d'une enquête sous cautionnement de son fils) avait été commise plusieurs mois auparavant. Pour Me Belleau, le remède inéluctable pour cette bévue est un arrêt du processus judiciaire.

» Un acte criminel pur «

«Un arrêt des procédures est un remède drastique», qui ne s'applique pas du tout au cas Lafleur, a opposé Me Weitzman. D'autant plus que l'arrestation était tout à fait légale, selon elle. «Livrer des témoignages contradictoires c'est un crime grave, et parce que c'est un acte criminel pur, la loi permet de procéder par arrestation», a-t-elle martelé. Elle a aussi fait ressortir que M. Lafleur s'était rendu au poste de police au moment qui lui convenait, que sa détention n'avait duré que 15 minutes et que tout s'était fait avec respect et dans un souci de discrétion pour protéger sa vie privée. «Il n'y avait aucune intention malveillante, ou intention de nuire «, a-t-elle précisé. Elle a aussi indiqué que le crime reproché comptait parmi les plus graves du Code criminel, puisqu'il a été commis devant la cour, et qu'il s'agit d'une attaque du système de justice. Les avocats ont cité une abondante jurisprudence pour étayer leur point de vue respectif. Assis dans la salle d'audience avec son épouse et un ami de la famille, Guy Lafleur est resté stoïque toute la journée.

Rappelons que l'accusation d'avoir livré des témoignages contradictoires découle d'un témoignage rendu par Guy Lafleur dans le cadre d'une enquête sous remise en liberté de son fils Mark, à la fin de l'été 2007. M. Lafleur avait caché que Mark avait découché deux soirs pour aller à l'hôtel avec une nouvelle copine, contrevenant ainsi aux conditions imposées par la cour. Son procès devait commencer le 11 février prochain. Si le juge Parent décide qu'il doit avoir lieu, il sera reporté, mais à une date rapprochée, a fait valoir le juge.