Joanna Delvecchio craint Dave Hilton. Assez pour porter plainte à la police à la suite de trois incidents survenus au cours de l'automne. Assez pour laisser aller l'enquête. Mais pas assez pour témoigner contre lui. Ni pour couper les ponts avec lui. C'est pour ça que l'ex-pugiliste de 45 ans a été acquitté, hier, deux secondes et quart après avoir été accusé de violences à l'endroit de cette amie de coeur.

De toute façon, sans le témoignage de Mme Delvecchio, l'unique témoin, la Couronne ne serait allée nulle part avec cette cause. «La victime veut avoir des contacts avec lui. Je n'ai pas de preuve à offrir», a fait valoir Me Jocelyne Rancourt à la juge Lise Gaboury.

 

Hilton a donc été blanchi des trois accusations portées contre lui, soit voie de fait simple et ayant causé des lésions, ainsi qu'agression sexuelle. L'ex-champion du monde a accepté de signer un engagement (appelé 810 dans le jargon judiciaire) reconnaissant que Mme Delvecchio avait des raisons de le craindre, mais qu'il s'engageait à garder la paix et avoir une bonne conduite pour la prochaine année. Un voeu du Nouvel An que Hilton devra tenir s'il ne veut pas prolonger son feuilleton judiciaire.

Ce n'est pas la première fois que Mme Delvecchio se plaint de violence de la part de Hilton. Tous deux se fréquenteraient depuis environ deux ans et demi, ce qui fait commencer leur relation en 2006, au moment où Hilton a obtenu sa première libération conditionnelle dans son dossier d'agressions sexuelles à l'égard de ses deux filles. Les amours entre Hilton et Mme Delvecchio sont tumultueuses. À l'été 2007, il avait été accusé de voie de fait et menace de mort à son endroit, mais avait été acquitté au terme du procès. Mme Delvecchio avait livré un témoignage déroutant, signalant qu'une partie d'elle haïssait Hilton, alors que l'autre partie continuait de l'aimer. La liberté de Hilton avait tout de même été révoquée, parce qu'il avait brisé ses conditions en buvant et en ne respectant pas son couvre-feu. L'été dernier, il a de nouveau pu bénéficier d'une libération conditionnelle, qui a toutefois été révoquée le 27 novembre dernier, après que Mme Delvecchio eut porté plainte contre lui.

Hier, la blonde quadragénaire, qui souffrirait de trouble bipolaire, a fait les yeux doux à Hilton quand il est apparu dans le box des accusés.

Après son passage au palais de justice de Laval, hier, Hilton devait réintégrer la prison Leclerc, qu'il quittera au plus tard samedi, puisque toute sa peine de sept ans et huit mois aura été purgée. Le Procureur général tient toutefois à garder un certain contrôle sur Hilton, puisqu'il veut lui interdire de se trouver seul en présence de mineures de moins de 16 ans. Un mandat d'arrestation en ce sens a été émis à Montréal mardi, mais aucun avocat ne semblait au courant de cette procédure.

Interrogé sur l'avenir de son client, Me Andrew Barbacki a dit espérer qu'il trouvera du travail et aura une vie paisible. «Il a été capable de travailler comme instructeur de boxe en libération conditionnelle. Il a été champion du monde. Avec l'expérience qu'il a, c'est un entraîneur incroyable.»