Les bières à 1$ sont chose du passé en Nouvelle-Écosse. La province des Maritimes a décidé d'imposer, juste à temps pour Noël, un prix minimum de 2,50$ pour tous les verres d'alcool vendus dans les bars. Une idée qui séduit certains groupes du Québec.

À commencer par certains des principaux intéressés: les vendeurs. La Corporation des bars, brasseries et tavernes du Québec a proposé au gouvernement du Québec, il y a huit ans déjà, qu'une telle mesure soit adoptée ici. «La décision de la Nouvelle-Écosse va nous permettre de relancer le débat et donner plus de poids à nos revendications», croit Renaud Poulin, président de la Corporation.

 

Éduc'Alcool entend aussi faire des pressions auprès de Québec au cours des prochains mois pour que la province emboîte le pas à la Nouvelle-Écosse. L'organisme milite depuis trois ans pour que les rabais «excessifs» soient interdits dans les bars du Québec. «C'est une incitation à la consommation abusive d'alcool qui ne devrait pas être acceptée», dit Hubert Sacy, président de l'organisme.

Alcool au volant

La Nouvelle-Écosse a adopté cette mesure pour limiter les problèmes de violence à la sortie des bars, notamment dans le centre-ville d'Halifax. Mais la province pourrait aussi profiter d'une réduction du nombre d'accidents causés par des conducteurs ivres, croit la présidente du regroupement Mères contre l'alcool au volant, Margaret Miller. «Si l'alcool coûte plus cher, les jeunes n'auront plus les moyens de caler trois ou quatre bières rapidement. Ils vont être obligés de dépenser plus lentement leur argent et vont adopter indirectement un comportement plus responsable.»

Le président-fondateur du service de raccompagnement Nez rouge, Jean-Marie de Koninck, est plus sceptique. «Ce sont les comportements qu'il faut changer, affirme-t-il. Ce n'est pas en empêchant un obèse de manger du sucre qu'on va régler son problème de poids. Il faut une stratégie beaucoup plus élaborée: modifier ses habitudes de vie, etc. C'est la même chose avec l'alcool.»

Les avantages attendus par la Corporation des bars sont d'un tout autre ordre: ils consistent à limiter la concurrence «déloyale». Québec interdit officiellement aux bars d'offrir des réductions sur le prix habituel des boissons alcoolisées. «Mais il est facile de contourner la loi en faisant des rabais réguliers, comme les «happy hours», toujours aux mêmes heures et les mêmes jours, dit Renaud Poulin. Certains brasseurs revendent leurs produits à des prix ridiculement bas pour attirer les jeunes en misant sur le fait qu'ils achèteront ensuite leurs produits dans les dépanneurs au prix régulier.»

La Presse n'a pu obtenir la réaction, hier, de la Régie des alcools, des courses et des jeux.