Dès le premier message d'urgence transmis dans l'intercom, l'enseignante Isabelle Nadeau a eu le réflexe de mettre deux tables devant la porte, de fermer les lumières et de se cacher dans le fond d'une classe du pavillon des sciences de l'Éducation avec une vingtaine de collègues.

Pendant trois heures, ces enseignantes de la CSDM qui suivaient une formation à l'UQAM sont restées silencieuses. Si silencieuses qu'aucun policier ni agent de sécurité ne sont venus les voir au sixième étage du pavillon sous haute surveillance. «Dès que quelqu'un parlait, on lui disait: «Chut, chut.» On ne voulait pas attirer l'attention d'un éventuel tireur», raconte Mme Nadeau. Vers 17h, des policiers les ont finalement évacuées.

 

«Après Dawson, on a reçu une formation pour savoir comment réagir dans des cas comme celui-ci», souligne la jeune femme, soulagée de repartir de l'université saine et sauve.

En général, l'inquiétude, mais non la panique, régnait chez le personnel et les étudiants de l'UQAM, dont plusieurs ont été confinés de longues heures à leurs bureaux ou leurs salles de cours.

Philippe Samson, étudiant en enseignement, était dans le bureau d'un professeur au troisième étage du même pavillon, au moment où, peu avant 14 h, un message du recteur Claude Corbo a retenti dans l'intercom. «Nous sommes en situation d'urgence», a déclaré le recteur, en ordonnant aux étudiants qui étaient à la bibliothèque d'évacuer les lieux et aux autres de demeurer dans leurs salles de cours.

Des fenêtres de son bureau, M. Samson a vu les voitures de police arriver, toutes sirènes allumées, puis les policiers s'engouffrer dans l'immeuble. «On est restés dans nos locaux, bien tranquilles. Mais c'était long. Et les rumeurs ont commencé. On disait qu'un gars était entré armé à l'université pour se suicider.» Philippe Samson, qui ne sort jamais sans son appareil photo, a même pris quelques clichés, dont certains sont publiés dans nos pages.

Se ruer vers la garderie

Julie Noël, étudiante en histoire, s'est ruée vers la garderie située dans le pavillon Hubert-Aquin, voisin de celui des sciences de l'Éducation. Son fils de deux ans et demi, Léo, faisait la sieste. «Les éducatrices suivaient la situation sur l'internet. La garderie est situé dans un endroit sécuritaire, mais je ne voulais pas prendre de risque», a dit la jeune mère, son fils dans les bras. De grosses larmes coulaient sur les joues du petit, visiblement secoué de s'être fait réveiller au milieu de sa sieste.

D'autres étudiants, qui se trouvaient à la bibliothèque, ont vécu des moments difficiles en consultant l'internet pour découvrir sur le web ce qui se passait dans leur pavillon. «Tout le monde était sur les nerfs. Ça pleurait et tout le monde était sur le cellulaire», dit Émilie-Catherine Dion.

«Le message qu'on nous a envoyé dans l'intercom était un peu confus. On est sortis, personne ne paniquait, tout le monde marchait. En sortant dans la rue, on a vu 25 policiers, des ambulances. On s'est dit: «c'est comme à Dawson!»», dit Jonathan Hille, étudiant en communication.

«Je pensais que des choses comme ça n'arrivaient que dans les films!», dit Frédéric Bergé, un étudiant en enseignement qui venait tout juste d'être évacué.

Allô maman!

Vers 15h, lorsque nous avons parlé à Julie Saint-Martin, commis aux logiciels à l'École de travail social, elle se trouvait toujours dans un local du pavillon des sciences de l'Éducation avec six autres personnes. Ils avaient tous le nez à la fenêtre pour voir ce qui se passait.

«On écoute la radio, on essaie de s'informer.» Mais le monde extérieur semblait en savoir bien plus long que les principaux intéressés: la mère de Julie Saint-Martin lui a téléphoné et était bien plus au courant des événements de l'UQAM que sa fille!