Les récoltes sont bonnes pour la police provinciale. Dans les trois dernières années, le nombre de plants de marijuana confisqués par la Sûreté du Québec (SQ) a doublé, voire triplé comparativement aux saisies effectuées à la fin des années 1990.

Entre 2005 et 2007, le corps policier a saisi plus de 700 000 plants de marijuana annuellement. Du jamais vu depuis 10 ans. À titre de comparaison, en 1999, la SQ a confisqué 279 939 plants tandis qu'en 2002 elle a mis la main sur 349 788.

 

Pour ce qui est des feuilles, cocottes et autre produits dérivés de la marijuana, en 2007, la SQ s'est emparée de plus de 20 millions de kilogrammes alors que ce nombre oscillait entre deux et six millions de 1998 à 2003. Seules les saisies effectuées dans la foulée de l'opération Printemps 2001 - une série d'arrestations policières qui visait à affaiblir les gangs de motards - dépassent celles effectuées au cours des quatre dernières années.

Le lieutenant à la direction-conseil des enquêtes criminelles, Gilles Drolet, attribue ces augmentations à la fusion entre les Sûretés municipales et la SQ entamée en 2002.

«En l'espace d'un an et demi, nous nous sommes retrouvés avec au-dessus de 1000 policiers de plus, explique-t-il. Ça nous a permis de dégager des équipes dédiées à des phénomènes précis comme la lutte contre la drogue.»

La mise sur pied du programme Cisaille en 1999, voué à la lutte contre l'expansion et le trafic de la marijuana, a également fait gonfler les statistiques, croit Gilles Drolet.

La création du «contrat social», en collaboration avec les agriculteurs de la Mauricie et du Centre-du-Québec, aurait contribué à la hausse fulgurante de saisies de plants. Ce document signé par des producteurs agricoles permet aux agents de la SQ de pénétrer sur leurs terres sans mandat de perquisition.

«Les saisies ont augmenté de façon remarquable, affirme Gilles Drolet. Par contre, le fait qu'elles s'accroissent démontre que le «chiffre noir» est encore assez important et qu'il reste un grand travail à faire.»

Selon le lieutenant Drolet, les personnes arrêtées par les autorités vont des gangs criminels à l'étudiant ou le chômeur qui souhaite arrondir ses fins de mois. «Malheureusement, là où il y a de l'attrait, il y a de l'argent.»

Avec la collaboration de William Leclerc

 

Saisies de marijuana effectuées par la Sûreté du Québec

PLANTS DE MARIJUANA

1998: 379 291

1999: 279 939

2000: 387 108

2001: 544 527

2002: 349 788

2003: 391 117

2004: 512 030

2005: 717 229

2006: 784 817

2007: 794 772

KILOGRAMMES DE MARIJUANA

1998: 2 847 722

1999: 6 498 783

2000: 3 511 003

2001: 28 664 480

2002: 4 937 417

2003: 5 798 812

2004: 14 505 502

2005: 19 779 232

2006: 11 021 631

2007: 20 094 588