Des criminalistes qui partent, d'autres qui arrivent, des accusés qui n'ont pas la même vision stratégique, la Couronne qui demande la tenue d'une enquête préliminaire, alors que la défense ne veut rien entendre... Le retour en cour des personnes soupçonnées relativement au meurtre de l'aspirant parrain Salvatore Montagna s'est déroulé sur fond de discorde, mercredi, au palais de justice de Joliette.

Impassible, Vittorio Mirarchi, 35 ans, est entré le premier dans le box, suivi de Felice Racaniello, Calogero Milioto, Jack Simpson et Pietro Magistrale. Ce dernier est accusé depuis la semaine dernière seulement du meurtre de Montagna, commis le 24 novembre 2011 dans l'île Vaudry, à Charlemagne.

La Couronne, représentée par Me Éric Côté, Me Yvan Poulin et Me Alexis Gauthier, a demandé la tenue d'une enquête préliminaire, qui devrait durer plusieurs semaines, mais plusieurs accusés s'y sont opposés.

«Nous sommes prêts à aller en procès. Nous nous interrogeons sur cette demande annoncée le mois dernier, plus de 15 mois après l'arrestation de nos clients», a déploré Me Elizabeth Schurman devant le juge Maurice Parent de la Cour du Québec.

Me Claude Olivier et Me Carole Beaucage, qui représentaient respectivement Magistrale et Milioto, ont annoncé leur retrait du dossier et ont été remplacés par Me Jeffrey Boro et Me Dominique Shoofey. On ignore les raisons de ces retraits, mais des sources ont confié à La Presse qu'avocats et accusés ne sont pas tous sur la même longueur d'onde relativement à la stratégie à adopter.

Raynald Desjardins aime Bordeaux

Raynald Desjardins, le principal accusé dans cette affaire, brillait par son absence.

Mercredi matin, le caïd était toujours à l'Établissement de détention de Montréal (Bordeaux), où il a été transféré pour son enquête sur mise en liberté, qui s'est déroulée au Centre de services judiciaires Gouin. Ce centre est relié à la prison par un tunnel. On a évoqué que c'est pour prévenir tout risque d'évasion ou d'attaque que Desjardins a été transféré du Centre de détention Rivière-des-Prairies (RDP) vers Bordeaux.

Or, selon nos sources, des divergences de vues entre Desjardins et son bras droit ne seraient pas non plus étrangères à son transfert. Le centre Gouin représentait également des avantages sur le plan logistique, nous a-t-on dit.

On ne sait pas si le caïd sera ramené à RDP en attendant que le juge Marc David, de la Cour supérieure, statue sur sa mise en liberté. Il semble cependant qu'il veuille demeurer à Bordeaux. Mardi, il a témoigné lui-même de problèmes auxquels il fait face à RDP pour préparer sa défense. À Bordeaux, Desjardins est détenu dans une aile du secteur B, avec des membres des Hells Angels.