Loto-Québec entre dans les universités du Québec. La société d'État fait l'objet de critiques en s'associant à un tournoi de poker en ligne destiné aux étudiants, dont la finale se tient au Casino de Montréal.

L'Omnium universitaire de poker est un tournoi de poker en ligne organisé par PrincePoker. Les étudiants des 15 universités du Québec s'affrontent dans une compétition par équipe où chacun représente son établissement.

Des prix totalisant 20 000$ en bourses sont offerts. Le grand prix est un voyage à Las Vegas, hébergement, transport et argent de poche inclus, pour assister à l'un des événements du World Series of Poker Online.

C'est la première fois que Loto-Québec commandite ce tournoi gratuit, qui en est à sa cinquième présentation.

La société d'État héberge l'Omnium universitaire de poker sur son site en ligne, Espacejeux, en plus de fournir les installations du Casino de Montréal pour la finale. C'est la pro de poker d'Espacejeux, Laurence Grondin, liée par contrat à Loto-Québec pour les événements promotionnels, qui parraine la compétition.

«Il n'y a pas de mal à jouer au poker et étudier la philosophie», a indiqué la porte-parole de Loto-Québec, Marie-Claude Rivet, lorsqu'on l'a questionnée sur cette incursion dans les universités.

«Il s'agit d'adultes de 18 ans et plus», rappelle-t-elle. Le poker est très populaire auprès des jeunes, signale aussi Mme Rivet. Au Québec, parmi les nombreux sites en ligne disponibles, seul celui de Loto-Québec est légal. Il «offre des mesures de prévention avant-gardistes et les profits reviennent au gouvernement», fait-elle valoir.

Malaise

Dans les universités, la réaction est toute autre. Les affiches promotionnelles placardées dans les corridors des institutions suscitent un malaise. Les universités se défendent d'être associées à l'événement.

«Un établissement d'enseignement n'est pas un lieu pour ce genre d'activité», déplore Jenny Desrochers, directrice des communications par intérim de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Le service à la vie étudiante de l'UQAM n'a pas autorisé qu'on publicise ce tournoi, assure-t-elle.

«Nous avons un malaise avec les affiches. Nous tentons de les retirer. C'est de l'affichage sauvage.» L'Université de Montréal ne voudrait pas être associée à ce tournoi, indique pour sa part le porte-parole de l'établissement, Mathieu Filion. «Les étudiants de l'Université de Montréal participent à titre individuel.»

Il y a clairement un malaise avec le fait «d'associer l'université, qui doit être un lieu sain et en santé, à l'Espacejeux de Loto-Québec», affirme Brigitte Vincent, coordonnatrice clinico-administrative du programme de jeu pathologique au Centre Dollard-Cormier, institut universitaire sur les dépendances.

«Le jeune associe l'activité à son université. Il a l'image que le jeu est sans danger», s'inquiète Mme Vincent. Elle déplore également la tenue de la finale au casino, un endroit que plusieurs jeunes n'auraient pas fréquenté autrement.

Elle souligne que le poker est particulièrement glamour chez les jeunes et que ceux-ci croient qu'ils deviendront populaires et feront beaucoup d'argent.

Ce jeu comporte une part d'habiletés qui peut donner l'illusion qu'il n'y a pas de risque de dépendance.

Pourtant, il y a aussi une part de hasard, précise Mme Vincent, qui souligne par ailleurs que les jeux en ligne sont plus dangereux.