Un élève du collège Dawson a été expulsé après avoir découvert qu'une faille dans le système informatique utilisé par presque tous les cégeps de la province permettait d'avoir accès aux renseignements personnels de quelque 250 000 élèves. Il a poussé son enquête trop loin au goût de l'école.

En octobre, Ahmed Al-Khabaz, alors inscrit en sciences informatiques, travaillait sur une application mobile pour les élèves de Dawson lorsqu'il a découvert une faiblesse dans le système Omnivox. La faille lui permettait d'accéder aux numéros d'assurance sociale, aux notes et à d'autres renseignements privés sur les élèves.

«Des gens mal intentionnés pouvaient facilement usurper leur identité», dit le jeune homme. Choqué, il a décidé d'en informer la direction de l'établissement où il était inscrit. M. Al-Khabaz raconte avoir été reçu par le directeur du service d'information et technologie. Ce dernier l'aurait félicité et lui aurait assuré qu'il communiquerait avec l'entreprise derrière Omnivox, la montréalaise Skytech, pour que le problème soit réglé. À partir de là, les choses ont mal tourné.

Curieux de voir si la faille avait été colmatée, Ahmed Al-Khabaz est retourné tester la vulnérabilité d'Omnivox quelques jours plus tard. Dans les minutes qui ont suivi, dit-il, le président de Skytech, Édouard Taza, a téléphoné au domicile qu'il partage avec ses parents. «Il m'a dit que je faisais quelque chose d'illégal [...] et que je pourrais aller en prison pour avoir mené une cyberattaque», raconte l'ex-élève.

M. Taza n'a pas répondu à nos demandes d'entrevue. Il a toutefois déclaré au National Post que le logiciel utilisé pour tester Omnivox ne devrait jamais l'être sans permission parce qu'il peut faire planter le système.

À force de discussion, les deux hommes ont fini par s'entendre sur le fait que le jeune n'avait pas de mauvaises intentions.

La direction du collège Dawson semble avoir vu les choses autrement. M. Al-Khabaz raconte avoir été convoqué, au mois de novembre, à une réunion lors de laquelle on lui a posé des questions sur sa découverte. Puis, il a été mis à la porte de l'école en plein trimestre avec la mention «échec» à tous ses cours. «J'ai une note à mon dossier qui dit que j'ai commis un acte criminel, relate-t-il. Je ne serai jamais accepté dans un autre cégep.»

Le service des communications du collège Dawson n'a pas rappelé La Presse. Dans un communiqué, le collège indique toutefois que les raisons invoquées par l'étudiant pour expliquer son renvoi sont «inexactes et incomplètes». «Le processus qui a mené à l'expulsion inclut une étape par laquelle l'étudiant reçoit un avertissement à l'effet de cesser les activités pour lesquelles il ou elle est passible de sanctions [...]. Lorsque cette directive est enfreinte [...], le Collège n'a plus d'autre recours que de prendre les mesures nécessaires pour sanctionner l'étudiant», indique le texte.