Au moment où le consensus autour du sous-financement des universités s'effrite, le recteur de l'Université du Québec à Montréal, Claude Corbo, estime qu'il est pourtant bien réel. Ce sont les travailleurs de demain qui en souffriront, prévient-il.

«Si on ne met pas plus d'argent dans les universités aujourd'hui, on n'aura pas de bons médecins dans 10 ans», a déclaré M. Corbo hier, au cours d'une allocution devant la chambre de commerce du Montréal métropolitain.

La crise étudiante du printemps dernier a soulevé des questions pertinentes, mais elle a aussi soufflé un vent de soupçon sur les universités, en malmenant au passage le consensus qui existait sur le sous-financement des universités, croit-il.

«Ce qui me trouble, c'est que les universités n'ont plus de message très clair en provenance de la société ou du gouvernement sur où on s'en va. Au printemps dernier, il y a eu comme un soupçon à l'endroit de tout ce qui est gestion des universités», a précisé M. Corbo en entrevue.

Il ne faut pas généraliser, dit-il. «Quand on parle des universités en disant que c'est mal administré, c'est un jugement qui est extrêmement global et que je ne peux accepter.»

«Marge de dégraissage limitée»

M. Corbo, qui a annoncé en juin qu'il quittera son poste de recteur au terme de son mandat, en janvier, rappelle que les deux derniers états financiers de l'UQAM ont été scrutés à la loupe par le vérificateur général, dans la foulée du scandale de l'îlot Voyageur. Tout a été jugé conforme.

Avec un budget de 400 millions, dont environ 35 millions sont alloués à l'administration et 300 millions à l'enseignement et à la recherche, la «marge de dégraissage est limitée», indique le recteur.

Il est d'avis que le sommet organisé par le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, Pierre Duchesne, doit être l'occasion de rétablir un consensus clair.

Par la suite, il y aurait lieu de créer des chantiers pour creuser plus en profondeur certaines questions, notamment celle du financement, suggère-t-il.

Des pertes de 20 millions

La grève étudiante risque par ailleurs de porter un dur coup à l'objectif du retour à l'équilibre budgétaire de l'UQAM. L'Université évalue que le conflit a causé des pertes de 20 millions. C'est la moitié de la facture totale du conflit, estimée hier à plus de 40 millions par le ministre Duchesne.

Il est clair que l'UQAM ne peut respecter le plan de redressement budgétaire convenu avec le gouvernement, explique M. Corbo. «Il va falloir qu'on trouve une issue parce que si rien n'est fait, l'exercice 2012-2013 se terminera par un déficit supérieur à celui autorisé par le plan de retour à l'équilibre.»