C'est une fin de non-recevoir qu'a opposée la CLASSE à l'ultimatum lancé par la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp. Elle demandait aux étudiants de condamner les gestes de violence, de vandalisme et d'intimidation.

«Ce gouvernement nous demande à nous de dénoncer symboliquement certaines actions avec lesquelles on n'a rien à voir. Il enfonce le débat public dans un débat de sémantique alors qu'il a refusé de condamner des gestes pas mal plus graves qu'un pot de peinture sur un immeuble», a répondu Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE).

Il faisait référence à un événement survenu au début de la grève, lorsqu'un cégépien a été gravement blessé à un oeil.

La position de la CLASSE a été adoptée par les membres, en congrès. L'organisation se dissocie des gestes de vandalisme, ne les encourage pas, mais refuse de les dénoncer. «On adhère à une diversité de tactiques», a rappelé M.Dubois-Nadeau.

Hier matin, pour dissiper toute ambiguïté, la ministre Beauchamp a demandé aux associations étudiantes de condamner les gestes de violence, de vandalisme et d'intimidation, et ce, dans la journée.

Tout en déplorant la guerre de mots qui éclipse le véritable débat, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) a condamné les gestes faits au cours des derniers jours. Mais elle a invité la ministre à dénoncer à son tour l'intimidation qui aurait été commise à l'endroit de professeurs et d'étudiants, comme l'a révélé La Presse hier. Aucune date n'est encore fixée pour une rencontre entre la ministre et les organisations étudiantes afin de discuter de la gestion des universités. «On y travaille, mais il n'est pas question de s'asseoir avec une organisation qui refuse de condamner la violence», a indiqué l'attachée de presse de la ministre, Hélène Sauvageau.

De son côté, la FEUQ tient à la présence de la CLASSE. «On cherche toujours à ce que tout le monde soit présent et que la question des droits de scolarité soit sur la table. Ce n'est pas vrai qu'on va aller discuter de tout sans parler des droits de scolarité», a déclaré la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins, en reconnaissant qu'elle se heurte à une «grande fermeture» de la part du gouvernement.

De son côté, la Fédération étudiante collégiale du Québec a répété qu'elle condamnait les actes de violence, quels qu'ils soient. La situation est allée trop loin, a reconnu le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin.

«On va continuer d'appeler les gens au calme parce qu'il faut faire une pression, s'exprimer, mais on n'est quand même pas en Syrie non plus», a-t-il lancé, précisant du même souffle qu'il souhaite que la CLASSE soit invitée à la table de discussions.

L'ancien président de la FEUQ se fait entendre

Le président de la FEUQ lors de la grève étudiante de 2005, Pier-André Bouchard St-Amant, a tenté d'intercéder hier pour calmer le jeu.

Dans une lettre que La Presse a obtenue, il s'adresse directement aux membres de la CLASSE pour leur demander de dénoncer la violence et éviter de s'autoexclure de la table de négociation, comme en 2005.

«Si vous dénoncez la violence, vous battez le gouvernement à son propre jeu. Vous devenez alors une organisation adulte et allez là où les décisions se prennent», écrit-il.

Cette lettre n'a pas trouvé d'écho auprès de la CLASSE. «Il nous demande de renier nos principes», a rétorqué Gabriel Nadeau-Dubois, avant d'ajouter que l'ancien président «devrait peut-être écrire à ses collègues des fédérations pour leur demander de ne pas répéter l'erreur de 2005 et ne pas aller négocier sans la CLASSE».

Le débat s'est aussi transporté à l'Assemblée nationale. Pressé par la chef de l'opposition, Pauline Marois, de mettre fin à la crise, le premier ministre, Jean Charest, lui a demandé si elle-même s'assoirait avec la CLASSE.