À leur tour, des cégeps touchés par la grève étudiante ont dévoilé vendredi leur scénario de prolongation de la session, souvent les soirs, les fins de semaine, plus tard ce printemps. Mais ces scénarios moins pénibles ne seront possibles que si les étudiants reviennent bientôt en classe, ont-ils prévenu.

Vendredi, 85 000 étudiants de 22 cégeps du Québec étaient toujours privés de cours, certains depuis 30 ou 32 jours.

La Fédération des cégeps du Québec a réuni cinq directeurs de cégeps, vendredi, pour lancer cet ultime appel aux étudiants. Portez votre débat politique et social sur une autre scène et revenez suivre vos cours en attendant, ont-ils clamé.

Les cégeps ont rappelé qu'ils n'ont guère le choix: en vertu de la loi, ils doivent dispenser leurs cours. Ils n'écartent donc pas la possibilité de prendre les moyens qu'il faudra pour assurer le libre accès aux collèges touchés, avec les tensions qui risquent de s'ensuivre.

«L'alternative immédiate, ce sont des injonctions demandées par des étudiants et des parents, a dit le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Jean Beauchesne. Ce n'est pas une alternative qu'on souhaite, d'où l'appel pressant aux étudiants ce matin. En bout de piste, on prendra nos responsabilités. Nous, on n'est pas exempté des obligations du Régime d'études collégiales, on doit respecter ces obligations-là.»

Interrogé à savoir si les cégeps allaient dispenser leurs cours si le boycott étudiant se maintient au-delà de la date butoir fixée dans chaque cégep, M. Beauchesne a ouvert la porte à cette éventualité. «Si le boycott se maintenait, dans le coffre à outils des collèges, (on a) tous les moyens à la disposition pour qu'on reparte les cours. Ça fait partie des possibilités pour les collèges, effectivement.»

Dans certains cas, comme au Collège de Valleyfield, cela a causé des escarmouches entre étudiants favorables et opposés au boycott des cours.

M. Beauchesne, a indiqué qu'il recevait tous les jours des mises en demeure ou des courriels de la part de parents, d'étudiants qui veulent que les cours reprennent. Certains étudiants ont recours à des requêtes en injonction devant les tribunaux. Les cégeps se disent pris entre l'arbre et l'écorce et veulent sauver la session.

«Pour l'ensemble des 22 collèges où il y a une période de boycott, c'est à peu près généralisé: les mises en demeure, les courriels, les demandes de parents. Même à la Fédération des cégeps, j'en reçois à tous les jours des dizaines. Effectivement, c'est un phénomène qui prend de l'ampleur actuellement», a commenté M. Beauchesne.

Encore vendredi, à Valleyfield, les quelque dizaines d'étudiants qui protestaient contre la hausse des droits de scolarité sont parvenus à y faire annuler les cours pour une deuxième journée de suite.

La direction du collège avait annoncé, cette semaine, que l'enseignement reprendrait malgré le boycott des cours décrété par des étudiants. Jeudi et vendredi, des piquets ont été dressés autour de l'immeuble et les professeurs n'ont pas voulu les franchir.

Pour éviter des affrontements, la direction a de nouveau choisi d'annuler les cours vendredi.

Aucun incident significatif n'a toutefois été rapporté.