L'étau se resserre pour huit cégeps dont les élèves sont toujours en grève, selon le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Jean Beauchesne, qui qualifie la situation de «catastrophique».

Il a précisé aujourd'hui mardi que, à moins d'un règlement dans les prochains jours, l'effet domino sera inévitable sur le trimestre de plusieurs cégeps de la région de Montréal, notamment ceux du Vieux-Montréal, de Saint-Laurent et de Maisonneuve.

Le mouvement étudiant n'est cependant pas près de s'essouffler, selon Léo Bureau-Blouin, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). Plusieurs votes ont été tenus mardi, et les cégépiens ont choisi de reconduire la grève à André-Laurendeau, dans l'arrondissement de LaSalle, à Montréal, tout comme certaines facultés de l'Université de Sherbrooke et de l'Université du Québec à Chicoutimi.

«On a bon espoir que, si nous tenons encore une semaine ou deux, on pourrait avoir, avec le prochain conseil des ministres, une nouvelle annonce de la part du gouvernement», a-t-il dit.

M. Beauchesne a indiqué que la gravité de la situation varie d'un cégep à l'autre, selon le calendrier scolaire en vigueur et le nombre de semaines de débrayage.

«Sur 22 collèges où il y a boycottage des cours, on peut dire qu'il y en a de 12 à 14 où la situation varie de préoccupante à très préoccupante», a soutenu M. Beauchesne, ajoutant que quelque 85 000 des 180 000 cégépiens sont toujours en grève.

Du côté des universités, plus des deux tiers des étudiants suivent leurs cours normalement. En ce qui concerne les grévistes, la rentrée en classe sera évaluée au cas par cas, a précisé le président-directeur général de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CRÉPUQ), Daniel Zizian.

«Déjà, des universités ont annoncé qu'il y aurait prolongation du trimestre compte tenu du nombre de jours de boycottage. Ce qu'on tente de faire, c'est de permettre l'obtention des diplômes, et ce, sans compromis sur la qualité de la formation», a déclaré M. Zizian.

Il n'y a pas lieu, à son avis, de considérer le congé pascal comme une date butoir. Il a cependant souligné que certains établissements avaient averti que, une fois cette période passée, il leur serait plus difficile de mettre en oeuvre les mesures de rattrapage des cours.

Quant aux menaces d'annulation du trimestre, la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, a rappelé que la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, avait elle-même déclaré le 24 mars qu'aucune mesure de ce type n'était à prévoir.

«Elle est en train de jouer avec les administrations des cégeps et des universités, qui attendent une résolution claire de la part du Ministère, mais aussi avec les étudiants, et on demande donc à la ministre de clarifier la situation», a dit Mme Desjardins. Il est tout aussi pressant, a-t-elle ajouté, que le gouvernement s'attaque au problème du financement des universités.

Par ailleurs, la facture que devront éponger les universités en raison de la grève continue de s'alourdir et se chiffre à 104 000 $ l'heure, selon les estimations de la FEUQ. Dans un communiqué, elle attribue ces coûts à «l'entêtement du gouvernement de Jean Charest».

Mardi après-midi, les étudiants ont symboliquement occupé le terrain du ministère de l'Éducation, rue Fullum, à Montréal. Ils ont soutenu que, au 56e jour de grève, il est plus que temps de se faire entendre par la ministre Beauchamp. Les étudiants ont déclaré avoir plusieurs propositions à lui faire.

En matinée, la libre circulation à deux des accès au Port de Montréal avait été perturbée par un autre groupe de protestataires. Des dizaines d'étudiants se sont d'abord réunis à la station de métro Préfontaine, dans Hochelaga-Maisonneuve, avant de se rendre à la station Langelier pour ensuite gagner le Port de Montréal à pied.

Ce n'est pas la première fois que des étudiants perturbent les activités du Port de Montréal. Ils l'avaient fait les 22 et 28 mars ainsi que le 5 avril derniers.