Un étudiant en droit de l'Université de Montréal s'est tourné vers les tribunaux, aujourd'hui jeudi, pour défendre son droit d'étudier malgré la grève.

«Les étudiants peuvent manifester, mais ils ne peuvent pas contraindre le Québec au complet à arrêter d'étudier», a déclaré Guillaume Charette, ce matin, au palais de justice de Montréal.

Le jeune homme de 25 ans demande à la Cour supérieure de rendre une injonction provisoire pour que son association étudiante, la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAECUM) ainsi que la CLASSE cessent «de porter atteinte au droit à l'éducation des étudiants de l'Université de Montréal».

L'étudiant veut avoir accès à ses cours «sans obstruction, harcèlement, intimidation ni dérangement», peut-on lire dans la requête qu'il a déposée le 27 mars. Il demande notamment au tribunal d'ordonner aux étudiants en grève de laisser libre accès aux terrains, aux bâtiments et à toute propriété de l'Université, tant aux étudiants qu'aux professeurs.

Il demande aussi à la Cour d'ordonner à l'Université de Montréal de reprendre les cours qu'elle avait suspendus et, au besoin, «de discipliner les professeurs qui ne respecteraient pas leur entente de travail».

À son avis, la conduite des associations étudiantes et de leurs membres viole le «droit de se procurer de l'éducation plutôt qu'elle ne le nourrit».

À deux reprises, les 22 et 26 mars derniers, des étudiants l'ont empêché d'assister à ses cours de droit, affirme-t-il.

Lundi dernier, des membres de la CLASSE ont bloqué l'accès à son pavillon et traité de «scabs» ceux qui voulaient assister à leur cours, soutient-il. Ce jour-là, son professeur ne s'est pas présenté au cours, déplore-t-il également.

Des bâtons dans les roues

Le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, assiste à l'audience. Il y voit une tentative de mettre des bâtons dans les roues au mouvement étudiant. «Ce débat-là aurait dû se tenir dans nos assemblées générales. C'est regrettable que ça se retrouve devant les tribunaux», a dit M. Nadeau-Dubois aux médias présents.

«Cet enjeu est beaucoup plus politique quejuridique. Les associations étudiantes sont légitimes et reconnues, que cela lui plaise ou non», a dit pour sa part la secrétaire générale de la FAECUM, Stéfanie Tougas, aussi présente à l'audience.

Guillaume Charette reconnaît ne pas avoir participé aux assemblées générales de son association étudiante. «Je les considère illégitimes», a-t-il indiqué. Questionné par La Presse sur les intentions politiques que certains lui prêtent, le jeune homme a indiqué être militant de la Coalition avenir Québec, le parti de François Legault.

Pour obtenir une injonction provisoire, l'étudiant doit prouver le caractère urgent de sa requête. Il doit aussi prouver qu'il subit un préjudice irréparable.

Or, les étudiants en droit de l'Université de Montréal ne sont plus en grève, donc il n'y a pas d'urgence, a répliqué l'avocat de la FAECUM, Me Paul St-Pierre Plamondon. Ils l'ont été une seule journée, le 22 mars. De plus, il ne reste que sept jours au trimestre.

«M. Charette nous parle d'un préjudice irréparable. Si c'était le cas, il serait en classe en ce moment. Les cours se donnent aujourd'hui», a poursuivi l'avocat de la FAECUM.

Le juge Luc Lefebvre rendra sa décision vendredi matin.