La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, se dit ouverte à des discussions avec les étudiants «pour encore mieux assurer l'accessibilité des études», mais à une condition: ils doivent cesser de revendiquer le gel des droits de scolarité ou encore la gratuité scolaire. Pas question, répond la Coalition large de l'association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE).

«Le mouvement de grève porte sur la hausse des droits de scolarité, et elle dit: "On ne veut pas parler du sujet qui a déclenché la grève." C'est un peu de la mauvaise foi», a lancé son président, Gabriel Dubois-Nadeau, jeudi.

Québec reste toujours aussi «ferme», comme l'a martelé Mme Beauchamp, sur la hausse des droits de scolarité de 325$ par année pendant cinq ans - à terme, une augmentation de 75%. La ministre veut plutôt discuter, par exemple, de «réaménagements» au programme de prêts et bourses. L'idée de le bonifier fait son chemin au gouvernement après que le premier ministre Jean Charest eut envoyé, mardi, un premier - et timide - signal. En outre, le gouvernement n'écarte pas la création d'un mode de remboursement des dettes d'études proportionnel au revenu, une proposition de la commission jeunesse de son parti. La Coalition avenir Québec (CAQ) milite également pour cette mesure.

La CLASSE juge toutefois inacceptable la condition que pose Line Beauchamp pour entamer des discussions. «Nous, c'est un gel qu'on veut, a dit Gabriel Nadeau-Dubois. Tous les sujets doivent être sur la table dans des négociations.»

La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) «tient au gel, et c'est ferme». Sa présidente, Martine Desjardins, «salue» néanmoins l'ouverture à la discussion manifestée par le gouvernement. Elle réclame une «discussion complète» sur les droits de scolarité, mais aussi sur le financement et la gestion des universités.

«On ne renoncera pas au gel avant même qu'il y ait des discussions, a dit de son côté le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Léo Bureau-Blouin. S'il y a une offre du gouvernement dans des négociations, on va l'analyser et, si on la juge intéressante, on va la soumettre à nos membres.» Notons que M. Nadeau-Dubois et Mme Desjardins ont fait le même commentaire.

Le gouvernement Charest refusait jusqu'à maintenant d'ouvrir tout dialogue avec les étudiants. Mais il a assoupli timidement sa position depuis mardi. «Il y a toujours de l'ouverture pour parler de la question du programme de prêts et bourses, de l'accessibilité. Cela a toujours été vrai», a déclaré Line Beauchamp. Dans son budget de l'an dernier, le gouvernement a accompagné la hausse des droits de scolarité d'une bonification de ce programme de 118 millions de dollars en cinq ans.

Si les étudiants renoncent au gel, le gouvernement pourra discuter avec eux des gestes à faire «pour encore mieux assurer l'accessibilité des études», a-t-elle dit.

La ministre reproche aux étudiants d'opposer une fin de non-recevoir à toute proposition qui leur est faite. «Peu importe qui fait la proposition, la réponse est toujours la même: "Nous, on veut le gel ou la gratuité scolaire", a-t-elle affirmé. Au moment où on se parle, peu importe le signal lancé aux étudiants, leur réponse est intransigeante.»

Elle estime que la revendication des étudiants «n'est pas le reflet de la position de la majorité d'une Assemblée nationale élue démocratiquement par la population».

La CAQ appuie la hausse du gouvernement Charest. Un gouvernement péquiste l'abolirait et tiendrait un sommet sur l'éducation. La chef Pauline Marois n'exclut pas de remplacer la hausse du gouvernement par une autre moins substantielle.