Quelque 150 étudiants ont causé de sérieux maux de tête aux automobilistes qui voulaient entrer à Montréal, mardi matin, en bloquant pendant une heure le pont Champlain. Une démonstration de force qui coûtera 494$ à chacun de ceux qui se sont fait arrêter.

Visiblement bien préparé, le groupe est arrivé en autocar vers 7h30, par la bretelle d'accès de l'autoroute 132, à Brossard. Les manifestants ont placé des blocs de béton sur l'autoroute 10 en direction de Montréal.

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Un peu plus tôt, une dizaine d'étudiants de l'INRS s'étaient installés au pont Jacques-Cartier, tranquilles, avec une banderole invitant les automobilistes à klaxonner pour l'éducation. Les agents de la Sûreté du Québec (SQ), sur le qui-vive depuis le premier blocage du pont Jacques-Cartier par les étudiants et cégépiens, en février, s'y sont dirigés.

Cette manoeuvre, qui n'aurait pas été coordonnée avec la première, a eu un effet de diversion pour les manifestants qui ont envahi le pont Champlain.

Manque d'effectifs

Les policiers ont ainsi eu du mal à trouver rapidement des effectifs pour sécuriser les lieux.

«Cette manifestation a causé énormément de problèmes. Il a fallu communiquer avec nos partenaires, les services de police de Montréal et de Longueuil. Il fallait à tout prix éviter que les manifestants montent sur le tablier du pont et aient accès aux deux voies. Et il fallait aussi les protéger de gens en colère qui auraient pu vouloir passer avec leur voiture malgré la manifestation», a expliqué le lieutenant Michel Brunet, de la SQ.

Quand les manifestants ont vu arriver les agents des services d'urgence de la SQ, ils sont partis de leur propre chef et ont sillonné des rues résidentielles jusqu'au stationnement où étaient garés leurs autocars, avenue Panama, à Brossard.

Les policiers ont alors attendu qu'ils y montent pour les encercler et les empêcher de sortir des véhicules.

Une trentaine de manifestants ont réussi à prendre la fuite par les stationnements de centres commerciaux voisins, pourchassés par des voitures de police.

Un jeune a sauté sur le capot d'une voiture avant d'être pris en chasse, mais c'est plutôt une jeune femme qui a été arrêtée de façon musclée. Elle a été identifiée puis relâchée.

Arrestations

Une centaine de jeunes manifestants ont été amenés dans un poste de police, où tous ont été identifiés, un processus qui a duré quelques heures. Ils recevront par la poste une amende de 494$ pour avoir obstrué une voie rapide.

Le lieutenant Michel Brunet souhaite que cela serve de «pensez-y-bien» pour les grévistes.

Cette action spectaculaire a été organisée par un groupe de cégépiens et étudiants du Grand Montréal.

«On savait qu'on avait une action ce matin, mais les trois quarts des personnes ne savaient pas ce qu'on allait faire, ça ne nous avait pas été dit pour que ça ne se sache pas», a confié un manifestant, qui a admis avoir des sentiments partagés quant à cette action qui risque de faire diminuer la sympathie du public à l'égard de la cause étudiante.

«Ça nous nuira peut-être dans l'opinion publique, mais notre rapport de force n'est pas avec le public, mais avec le gouvernement», a soutenu une autre étudiante.