Après avoir accumulé les déficits pendant des années, l'Université Concordia, l'Université Laval et l'Université du Québec à Trois-Rivières, entre autres, déclarent maintenant des surplus, alors que l'UQAM, McGill et l'Université de Montréal continuent d'être déficitaires. Le cri d'alarme lancé hier vaut-il pour toutes les universités?

«Les universités qui ne font pas de déficit, ça ne veut pas dire que leur budget est arrimé aux besoins de qualité qu'elles devraient avoir. Ça veut juste dire que ces universités ont décidé de mettre un frein aux dépenses», a répondu Robert Lacroix, ex-recteur de l'Université de Montréal, qui cite l'exemple des programmes dont la moitié des cours sont donnés par des chargés de cours.

 

Selon des données préliminaires de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec, le déficit accumulé des universités québécoises totalisait 450 millions au 31 mai 2009. Les plus mal en point: l'Université de Montréal (déficit accumulé de 139 millions), l'Université Laval (87 millions) et l'UQAM (75 millions).

Cependant, en 2007, six professeurs de l'Université de Montréal ont signé un texte qui mettait sérieusement en doute ce déficit: «Il faut savoir que tous les fonds de l'université sont excédentaires à l'exception du fonds de fonctionnement», écrivent-ils.

Au total, pour cinq fonds qu'ils décrivent, «l'Université de Montréal inscrit un solde positif de 478 millions. (...) Pourquoi ne pas utiliser une portion des excédents du fonds des immobilisations pour prendre en charge des dépenses d'investissement faites à partir du budget de fonctionnement?»

Les professeurs citent ensuite le vérificateur général du Québec, qui s'était aussi penché sur les frontières très floues entre les contributions «interfonds». «L'interprétation de l'information financière inscrite dans les états financiers des universités québécoises devient très difficile.»

À la suite du fiasco immobilier de l'UQAM, qui a obligé le gouvernement du Québec à allonger 380 millions, le gouvernement Charest avait promis de serrer la vis et d'exiger plus de transparence.

Au cours des derniers jours, nous avons multiplié les demandes d'entrevue avec la ministre de l'Éducation ou un sous-ministre pour savoir ce qui est exigé des universités qui, au 31 mai 2009, déclaraient un déficit. Refus net au cabinet de la ministre Courchesne, dont l'attachée de presse a fait savoir que l'on ne souhaitait pas discuter publiquement de cas précis d'universités.