Pour justifier des changements au régime pédagogique, qui finalement se sont révélés taillés sur mesure pour les écoles hassidiques, le ministère de Michelle Courchesne avait même évoqué le Plan Nord.

«On nous avait dit que cela pourrait favoriser l'apprentissage des jeunes autochtones, pour les accommoder dans le temps de la pêche et de la chasse, et qu'ils pourraient rattraper leurs cours», a ironisé hier Josée Bouchard, la présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec.

 

Les changements au régime pédagogique permettent l'enseignement les fins de semaine, essentiellement pour que les communautés juives orthodoxes puissent dispenser l'enseignement religieux. Ces changements, annoncés au mois de janvier dans la Gazette officielle, ont soulevé la controverse toute la semaine dernière à l'Assemblée nationale.

Mme Bouchard a précisé que le bureau du sous-ministre de l'Éducation avait fourni ces explications au sujet du Plan Nord à la directrice générale de la Fédération, Pâquerette Gagnon.

Selon elle, il est inacceptable qu'on ait modifié le régime scolaire de tous les élèves du Québec «pour accommoder quelques groupes particuliers». «Ce n'est pas une demande du milieu. Aucune commission scolaire n'a demandé les changements qu'a décidé d'apporter Mme Courchesne au régime pédagogique», insiste Mme Bouchard, qui avoue ne pas savoir à quelles «demandes» du milieu pouvait faire allusion Mme Courchesne.

La firme de relations publiques National, retenue par la communauté hassidique, a depuis longtemps ses entrées directement au cabinet du premier ministre Charest. Le patron du bureau de Québec, Luc Ouellet était déjà proche de M. Charest à l'époque où ce dernier était au Parti conservateur. Sa conjointe, Manon Gagnon, est au service des communications du cabinet Charest.

Injonctions

Hier, comme pour retirer l'affaire de l'arène politique, le gouvernement Charest a fait savoir que les dossiers de deux écoles délinquantes ont été soumis au Procureur général. Le contentieux du ministère de la Justice évaluera si des recours civils sont nécessaires en vertu de la Loi sur l'instruction publique.

Mais déjà, dans les coulisses à Québec, on indique que des injonctions sont à prévoir dans un avenir rapproché pour fermer ces deux écoles. Les élèves de moins de 16 ans doivent être inscrits à des écoles reconnues par le Ministère ou recevoir un enseignement à la maison qui doit, encore là être approuvé par le MEQ.

L'un de ces dossiers, celui de Tora Moshe une école hassidique de Montréal, avait déjà été transmis l'automne dernier, mais Québec ne l'a annoncé qu'hier. L'autre école, Tosh, à Boisbriand, a pris la filière judiciaire tout récemment.

«Ces deux écoles ont choisi de ne pas appliquer le régime pédagogique», a expliqué Tamara Davis, attachée de presse de Mme Courchesne. Elle a nié par ailleurs formellement que sa patronne souhaite quitter l'Éducation à son retour de Vancouver, la semaine prochaine.

Au cabinet de la ministre de la Justice, Kathleen Weil, on se refusait à tout commentaire. «C'est très technique, le Ministère va expliquer ce qu'il en est», a dit l'attaché de presse Philippe Archambault. Une fonctionnaire, Mme Johanne Marceau, avait été désignée pour ce dossier délicat, mais elle s'est bornée à dire que ces deux dossiers sont à l'étude.