De nombreux enseignants québécois sans brevet vont chercher une formation en Ontario, comme l'a écrit La Presse hier, mais également ailleurs au Canada, où le programme en pédagogie est moins long qu'ici. François Clark, enseignant d'histoire et de géographie, est allé à Vancouver faire un Teaching Degree d'un an.

Même s'il avait un bac en histoire et trois ans d'expérience comme prof, Québec lui demandait de refaire un bac en enseignement pour avoir droit au brevet. «Il n'était pas question que je retourne deux, trois, voire quatre ans sur les bancs d'école», a témoigné M. Clark. Après ses études à Vancouver, le jeune prof a été embauché à temps plein dans une école locale offrant l'immersion française. «Le système d'éducation public est franchement meilleur ici, étant donné que les écoles privées ne sont pas subventionnées comme au Québec», a-t-il dit.

La pénurie reste un défi

Même si le cas de M. Clark est extrême, la pénurie d'enseignants légalement qualifiés que vit le Québec n'est pas près de se résorber, selon Bernard Tremblay, directeur des relations de travail à la Fédération des commissions scolaires. «Ça reste vraiment un défi», a-t-il convenu.

M. Tremblay a salué l'ouverture de maîtrises permettant à des détenteurs d'un baccalauréat dans une matière enseignée d'avoir un brevet, mais espère des solutions plus globales. «Il y a vraiment un problème de valorisation de la profession enseignante et des écoles publiques, a-t-il noté. Au départ, encore faut-il que les gens aient le gout de venir travailler dans nos écoles! Or, les médias en général ne montrent pas les bons coups des écoles, mais la violence, les contraintes, les situations difficiles...»

Revaloriser la profession enseignante, c'est aussi ce que demande la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE). «Il est évident que pour régler le problème de manque de personnel et attirer davantage de candidats en enseignement, la profession enseignante doit être plus attrayante», a indiqué Manon Bernard, présidente de la FSE, dans un communiqué.

«Au-delà des enseignants qu'on a de la misère à aller chercher, il faut penser à tout ceux qu'on a de la difficulté à conserver», a ajouté Pierre St-Germain, président de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE). Améliorer les conditions d'entrée dans la profession - et faciliter l'arrivée de détenteurs de bac dans les matières enseignées - font partie des requêtes de la FAE.

Manque d'étudiants en enseignement à l'UQO

La Presse a par ailleurs appris que l'Université du Québec en Outaouais (UQO) prévoit bientôt offrir une maîtrise qui permette aux enseignants d'anglais et d'autres matières, qui n'ont pas de brevet, de l'obtenir. «On attend la suite que va donner la ministre de l'Éducation à cette possibilité-là», a dit Denis Dubé, vice-recteur à l'enseignement et à la recherche de l'UQO.

Les besoins de main d'oeuvre qualifiée sont grands en Outaouais. «On vit des difficultés à recruter des étudiants pour l'enseignement au secondaire, a indiqué M. Dubé. Le contingent qui nous est alloué est de 80 étudiants par année et on arrive peine à recruter la moitié des candidats.»

Une maîtrise permettant de qualifier des enseignants d'anglais langue seconde répondrait notamment «à un besoin extrêmement criant dans la région», a souligné M. Dubé.