Le collège Sainte-Anne, à Lachine, classé parmi les meilleures écoles secondaires privées de la province, met fin à ses examens d'admission. Selon la direction, ces tests sont trop stressants et ne permettent pas d'avoir une réelle idée du potentiel des élèves. Les jeunes seront dorénavant soumis à des évaluations plus générales qui noteront, entre autres choses, leur créativité.

Selon le directeur général de l'établissement, Ugo Cavenaghi, les élèves arrivent «de plus en plus préparés» aux examens d'admission. «Ils suivent des cours avec des coachs spéciaux. D'autres consultent des orthopédagogues, des psychologues ou suivent des week-ends intensifs de préparation... Et le jour de l'examen, certains élèves sont si stressés qu'ils vomissent. On trouve ça ridicule. On veut enlever cette pression», explique M. Cavenaghi.

«Parfois, les élèves arrivent surpréparés à l'examen. On les accepte, et ensuite on voit qu'ils n'ont pas de profondeur dans leurs apprentissages et ils ne sont pas heureux à l'école. Nous, on cherche des bases solides et des élèves qui seront bien ici», ajoute le responsable de la sélection des élèves au collège Sainte-Anne, Martial Couillaud.

Dorénavant, le Collège se contentera principalement d'analyser les bulletins de quatrième et de cinquième année primaire des candidats. «Un examen, c'est une photo. Un bulletin, c'est une vidéo. L'idée que tu te fais de l'élève est meilleure», affirme M. Cavenaghi.

Trois tests seront distribués aux élèves : un de créativité, un de culture générale et un test d'habiletés scolaires. Mais il ne s'agira pas d'examens traditionnels visant à évaluer les connaissances en français et en mathématiques, précise M. Cavenaghi.

Le collège Sainte-Anne aurait aimé abolir plus tôt les examens d'admission. «Mais c'était impossible parce que les bulletins du primaire avaient des cotes au lieu des notes, dit M. Couillaud. Maintenant, quand on voit qu'un élève obtient 90% dans un groupe où la moyenne est de 70%, on sait qu'il est bon.»

M. Cavenaghi ne comprend pas que les écoles secondaires privées continuent de filtrer leur clientèle à l'aide d'examens d'admission. «Même les cégeps et les universités ne font pas ça ! Ils utilisent les notes du bulletin en premier», dit-il.

Le directeur se défend de «niveler par le bas». «On veut simplement avoir des élèves qui aiment notre école et qui restent jusqu'en cinquième secondaire. On a déjà le privilège de pouvoir choisir un élève sur trois. Essayons de garder ceux qu'on prend», déclare M. Cavenaghi.

Le président de la Fédération des établissements d'enseignement privés, Paul Boisvenu, ne veut pas commenter la pertinence des examens d'admission. «On n'a aucun pouvoir là-dessus. Les écoles font ce qu'elles veulent», dit-il.

Certains établissements ont trouvé d'autres moyens de limiter le stress des examens d'admission. Le collège Mont-Saint-Louis et neuf autres écoles privées de Montréal offrent aux enfants de ne passer qu'un examen pour avoir accès à tous les établissements.

«L'élève s'inscrit dans l'école qui est son premier choix. S'il n'est pas retenu, on lui demande à quelle école il veut qu'on transmette son dossier, explique le directeur général du collège Mont-Saint-Louis, André Lacroix. Ils passent un seul examen. Les parents adorent ça.»

M. Lacroix n'est pas prêt à abandonner les examens d'admission. «Les examens sont des outils considérés comme justes par les élèves et les parents, dit-il. On regarde aussi le bulletin. Mais si on regarde seulement le bulletin, 10 écoles ont 10 bulletins différents. Ce n'est pas facile d'évaluer justement. C'est moins uniforme.»