Les associations étudiantes de tout le Québec ont tour à tour dénoncé, hier, l'intention du Parti libéral du Québec (PLQ) d'imposer des droits de scolarité aux élèves des cégeps. Selon plusieurs, mettre ainsi fin à la gratuité freinerait dangereusement l'accessibilité des études alors que le Québec a justement de plus en plus besoin de main-d'oeuvre spécialisée.

Réunis en conseil général ce week-end à Drummondville, quelques centaines de militants libéraux ont voté en faveur d'une résolution visant l'imposition de droits de scolarité au collégial.«C'est une aberration. Le PLC ne comprend pas ce qui se passe dans sa société. On a besoin de plus de techniciens spécialisés et de plus de monde dans les universités. Il fait comme si l'éducation postsecondaire était un luxe. Mais ça fait au contraire partie de la réponse aux besoins de main-d'oeuvre spécialisée du Québec», dit la vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), Micheline Thibodeau.

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) juge que la décision du PLQ est «inacceptable». «Ce serait un recul économique et social historique. Présentement, 70% des étudiants des cégeps travaillent en moyenne 17,5 heures par semaine. Ça leur demande parfois d'allonger leurs études d'un trimestre ou deux. Leur parcours scolaire serait encore plus long si des droits de scolarité leur étaient imposés», commente le président de la FECQ, Xavier Lefebvre-Boucher.

Le porte-parole de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Mario Beauchemin, affirme que «toutes les études à quelques exceptions près montrent que les droits de scolarité sont des freins à l'accès» aux études postsecondaires. «Le Québec aura bientôt besoin de combler des milliers d'emplois, dont plusieurs techniques. Pourquoi changer les règles du jeu?» demande M. Beauchemin.

À l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), on prône la gratuité scolaire jusqu'à l'université. «Les libéraux justifient leur décision en disant qu'il y a une crise économique. Oui, il y a une crise, mais ce n'est pas à la classe moyenne de payer la note. On va nuire à l'accès aux études», croit la secrétaire aux communications de l'ASSÉ, Anne-Marie Provost.