Des mesures «sont en place actuellement dans les universités pour soutenir les étudiants» qui passent le nouvel examen national de français et «pallier, si c'est le cas, les difficultés», a assuré hier le cabinet de la ministre de l'Éducation.

Tel qu'indiqué dans La Presse hier, les taux d'échecs au Test de certification en français écrit pour l'enseignement (TECFÉE) sont élevés. Moins de 50% des volontaires qui l'ont passé l'an dernier à l'Université Laval ont obtenu la note de passage. Or, la réussite de l'examen est obligatoire depuis cet automne pour enseigner.«Bien sûr, il y aura pondération des résultats, a estimé Gérald Boutin, professeur à la Faculté des sciences de l'éducation de l'UQAM. Le contraire serait étonnant : on a besoin d'enseignants.»

L'aide aux futurs profs doit néanmoins être accrue «dès leur entrée au baccalauréat», a souhaité Manon Bernard, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE). «Il faut savoir quels sont leurs besoins et mieux les encadrer», a-t-elle indiqué.

Une suggestion que la ministre Michelle Courchesne a entendue. Elle doit «rencontrer les doyens des facultés et départements d'éducation et aura des échanges sur ce sujet avec eux» à la fin d'octobre, a précisé Kim Ledoux, son attachée de presse.

Québec veut rehausser la maîtrise de la langue des enseignants en imposant un test national depuis plusieurs années. Au printemps 2008, l'examen auquel travaillait la TÉLUQ depuis trois ans a toutefois été rejeté par les universités et le Ministère. C'est son coût (115$ par passation) qui a motivé cette mise au rancart. Mais son taux d'échec élevé (70% pour une version préliminaire testée par des étudiants de l'Université de Montréal) a également été pointé du doigt.

Mieux payer les profs

Pour attirer des cracks du français, revaloriser la profession enseignante est essentiel, selon Pierre St-Germain, président de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE). «À partir du moment où on améliorera les conditions de travail, le bassin de candidats potentiels à l'enseignement va s'agrandir», a-t-il souligné.

Mais cela ne règlera pas les lacunes d'une bonne part de la population. «Il faut donner un coup de barre aux programmes de français, a dit M. St-Germain. Les difficultés qu'on rencontre dans les universités, c'est un indice de la déficience des programmes mis de l'avant depuis 30 ans.»

Un examen en deux parties

«C'est en amont qu'il faut intervenir», a corroboré Gérald Boutin, qui se pose néanmoins des questions sur le TECFEE. «Quelle est la qualité de ce test? a-t-il demandé. Porte-t-il sur le langage courant ou très châtié?»

Le but de l'examen est «d'évaluer la compétence langagière» attendue de personnes qui assument «un rôle de modèle linguistique auprès des élèves», peut-on lire dans le guide préparatoire au TECFEE.

La première partie du test consiste à répondre à 60 questions portant sur «l'orthographe grammaticale et la morphologie», la syntaxe et la ponctuation, «l'orthographe lexicale» et le vocabulaire. Dans la seconde, il faut faire une rédaction de 350 mots, évaluée selon sa clarté, sa structure, sa pertinence (40% des points) et la maîtrise de la langue (60%). Tous les futurs profs - pas seulement ceux qui enseigneront le français - doivent désormais réussir cet examen.