Le plan présenté par la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, Michelle Courchesne, ne fait pas l'unanimité. Les intervenants sur place lors de l'annonce se réjouissent de la volonté du gouvernement de s'attaquer au décrochage scolaire, mais certains s'interrogent sur les moyens mis de l'avant.

«J'en attendais beaucoup plus sur les questions de la pauvreté et de l'aide aux élèves en difficulté, qu'on n'attaque pas de plein front», a dénoncé Pierre St-Germain, président de la Fédération autonome de l'enseignement. Il revendiquait plutôt la prématernelle à temps plein pour les enfants de 4 ans en milieu défavorisé.

 

La question des services aux enfants du préscolaire préoccupe aussi Réjean Parent, président de la Centrale des syndicats du Québec. «On va envoyer des professionnels détecter les enfants de 2 ans qui ont des difficultés, mais encore faut-il ne pas les laisser traîner trois ans avant de s'en occuper», a-t-il affirmé.

La présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement, Chantal Longpré, a elle aussi accueilli froidement le plan présenté par la ministre Courchesne. «C'est un plan dans lequel on devient coincés, où toutes les écoles devront agir de la même façon. Ça ne sert à rien.»

Enfin, pour le critique du Parti québécois en matière d'éducation, Pierre Curzi, le plan de la ministre Courchesne «manque d'ambition et de moyens». Il suggère que des mesures «plus radicales» pour lutter contre le décrochage scolaire soient financées en augmentant ou la dette - comme le gouvernement le fait pour les infrastructures routières - ou la TVQ.

«Si, en tant que gouvernement, on ne consent pas à faire un investissement majeur et à prendre des mesures fortes, je pense qu'on risque de se ramasser avec un résultat mitigé», a-t-il expliqué.

Un plan «possible»

La présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec croit pour sa part que la concertation entre le milieu scolaire, les services de santé à l'extérieur de l'école et le milieu communautaire portera des fruits. «C'est possible, a affirmé Josée Bouchard. Je ne me souviens pas d'avoir vu une telle concertation autour d'un ministre de l'Éducation. Je pense que c'est très encourageant.»

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Taux de réussite en hausse dans la population en général

Bonne nouvelle annoncée hier: le taux de réussite de l'ensemble de la population du Québec a bondi de 7,5% en cinq ans. Il a atteint 87,3% en 2007-2008. Chez les jeunes de moins de 20 ans, il était de 72,2%, en nette progression par rapport aux quatre années précédentes.

> Cela ne doit pas faire oublier la mauvaise performance des écoles secondaires ordinaires. Après cinq ans d'études, seuls 60,2% des jeunes entrés au secondaire en 2003 ont eu un diplôme. C'est par la suite - quand ils ont 18, 19, 20 ans ou davantage - que les autres finissent par obtenir leur diplôme.

- Marie Allard

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Ils ont besoin d'aide

30% des garçons décrochent, contre 20% des filles

65% des élèves qui ont redoublé au moins une fois décrochent

35% des élèves de milieux défavorisés décrochent, contre 20% en milieu non défavorisé

Près de 40% des immigrés récents décrochent

5000 élèves quittent l'école chaque année après la première ou la deuxième année du secondaire

6000 élèves quittent l'école chaque année après s'être rendus en cinquième secondaire

Source: L'école, j'y tiens! Tous ensemble pour la réussite scolaire, MELS.