La ministre de l'Éducation Michelle Courchesne est bien décidée à s'attaquer au décrochage scolaire. Pour y parvenir, elle propose un plan qui repose sur «13 voies de réussite». Bien que personne ne remette en question la pertinence d'augmenter le taux d'obtention de diplôme scolaire, les moyens proposés ne font pas l'unanimité.

Pour hausser à 80% le taux d'obtention de diplôme des jeunes de moins de 20 ans d'ici 2020, la ministre de l'Éducation Michelle Courchesne a dévoilé mercredi son très attendu plan d'action contre le décrochage. Un total de 13 «voies de réussite» sont proposées par Québec pour diplômer 8000 élèves de plus par an. Gros hic: rien ou presque ne s'applique avant septembre 2010.Environ 160 millions par an d'argent frais seront injectés par le gouvernement dans ce plan à terme, soit dans trois ans, a annoncé Mme Courchesne. Pour l'an prochain, «ce n'est pas loin de 100 millions», a-t-elle précisé. Déjà, Québec investissait près de 885 millions par an dans la lutte contre le décrochage, sans grand résultat.

L'objectif est ambitieux: le taux d'obtention de diplôme chez les moins de 20 ans n'était que de 72,2% en 2007-2008, tout de même en progression de 2,8% par rapport à l'année précédente. Pour s'assurer d'une amélioration, la ministre met sur pied un comité de vigie dont font notamment partie le banquier Jacques Ménard, le Dr Gilles Julien et Gaston Lafleur, du Conseil québécois du commerce de détail. Chaque commission scolaire devra également se fixer des cibles «qui seront connues publiquement», a souligné Mme Courchesne.

Milieux défavorisés

Les 13 voies de réussite du plan intitulé «L'école, j'y tiens!» mettent l'accent sur les moments cruciaux du cheminement de l'élève, soit son entrée à l'école, son passage au secondaire, sa fin de secondaire ou le moment où il quitterait l'école sans diplôme.

Une réduction plus importante que prévu du nombre d'enfants par classe dans les écoles primaires défavorisées est annoncée. D'ici la rentrée 2012, ils seront un maximum de 20 par classe, contre 26 dans les écoles régulières, ce qui coûtera 115 millions par an. Rien n'est mentionné pour le secondaire, alors que les libéraux avaient promis d'y réduire aussi la taille des groupes.

200 enseignants-ressources

L'embauche de 200 enseignants-ressources au secondaire est une autre nouveauté, au coût de 11 millions par an. Aucun professionnel (psychologue, orthophoniste, etc.) de plus n'est au menu, les écoles devant se tourner vers le réseau de la santé, selon Mme Courchesne.

L'offre d'activités parascolaires sera, quant à elle, bonifiée avec 10 millions de plus par an.

La stratégie Agir autrement, qui a coûté plus de 200 millions en sept ans sans vraiment porter des fruits, est reconduite. «Avec plus d'encadrement», a toutefois averti la ministre.

Accueil favorable de Ménard

«Le plan d'action de la ministre témoigne d'une plus grande ouverture du Ministère au sein de la société civile et ça, je trouve que c'est une bonne nouvelle», a commenté Jacques Ménard, qui avait présenté son propre plan contre le décrochage en mars dernier.

«Soyez assurés que notre groupe sera très vigilant, a-t-il précisé. On sera là pour suivre de près la mise en application des mesures annoncées, qui va dans bien des cas nécessiter la négociation d'ententes avec les commissions scolaires, avec les directeurs d'école, avec les enseignants, avec les groupes communautaires.»

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Les 13 voies de réussite

1. Valoriser l'éducation par des campagnes de promotion, une tournée de la ministre et un engagement des employeurs: 1 million par an.

2. Établir des cibles de réussite pour chaque commission scolaire et en assurer le suivi: 0 million.

3. Multiplier les actions régionales contre le décrochage: 10 millions par an, payés à moitié par la Fondation Chagnon (déjà annoncé en mars dernier).

4. Préparer l'entrée à l'école des enfants de milieux défavorisés ou en difficulté: 40 millions par an, payés à 60% par la Fondation Chagnon.

5. Réduire le nombre d'élèves par

classe au primaire à un maximum de 20 en milieu défavorisé et de 26 en milieu non défavorisé d'ici au mois de septembre 2012: 115 millions par an (à terme, dans trois ans, moins cher d'ici là).

6. Améliorer l'aide aux devoirs et accompagner individuellement les élèves qui échouent en lecture et en maths: 0 million.

7. Renforcer la stratégie Agir autrement avec le suivi serré de 133 écoles et la mise sur pied de deux projets inspirés des programmes Pathways to Education et Check and Connect: 1,25 million en 2010.

8. Ajout de 200 enseignants-ressources au secondaire: 11 millions par an.

9. Augmenter l'offre d'activités parascolaires: 10 millions par an.

10. Réaliser des projets communautaires destinés aux jeunes à risque au secondaire dans les quartiers défavorisés de Montréal: 1,5 million par an.

11. Repérage systématique des élèves de quatrième et cinquième secondaire en voie d'abandonner les études: 0 million.

12. Faciliter l'accès à la formation professionnelle: 0 million.

13. Raccrocher le maximum de décrocheurs: 0 million.