Les écoles primaires et secondaires de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) reçoivent une clientèle de plus en plus pauvre, révèlent les plus récentes données du ministère de l'Éducation du Québec (MELS). En 2008-2009, huit écoles montréalaises se sont ajoutées à la liste des établissements scolaires les plus pauvres de la province.

En 2007-2008, déjà 37 écoles primaires et 13 écoles secondaires se situaient au sommet de l'échelle de défavorisation du gouvernement. Aujourd'hui, 40 écoles primaires et 18 écoles secondaires sont dans la même position.

Dans un document intitulé Indices de défavorisation par école 2008-2009 publié au début du mois, le MELS a mesuré deux indices pour chaque école du Québec, soit le seuil du faible revenu des familles et l'indice de milieu socio-économique. Les écoles du Québec sont classées sur une échelle de 1 à 10, le rang 10 étant considéré comme le moins favorisé.

À la CSDM, près de 90% des écoles primaires ont un indice de défavorisation de 9 ou de 10. Et 97% des 34 écoles secondaires sont dans la même position. La situation est semblable, quoique un peu moins marquée, dans les autres commissions scolaires de l'île. «Et on voit aussi qu'il y a des poches de pauvreté qui grandissent à Laval», note le porte-parole de la Fédération autonome de l'enseignement, Pierre St-Germain.

Le problème de la pauvreté dans la région de Montréal est «récurrent» selon le secrétaire-trésorier de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Daniel B. Lafernière. «Les plans provinciaux de lutte contre la pauvreté ne sont que des façades, dit-il. Les résultats se font toujours attendre. Et on sait que la pauvreté a des effets négatifs sur l'apprentissage.»

Au cabinet du ministre de la Solidarité sociale, Sam Hamad, on réplique que la pauvreté diminue au Québec. «On n'a pas la prétention d'avoir éliminé la pauvreté, mais beaucoup a été fait», dit l'attaché de presse du ministre, Alexandre Boucher. Ce dernier mentionne que, depuis 2003, la province compte 64 000 prestataires de l'aide sociale de moins. «Et même en tenant compte des hausses tarifaires, il y a 140 000 personnes de moins sous le seuil de la pauvreté depuis 2003», mentionne M. Boucher.

Mais pour M. St-Germain, les écoles montréalaises doivent tous les jours composer avec les conséquences de la pauvreté. «Les enfants plus pauvres ont une alimentation plus carencée, ont plus de problèmes de développement et plus de troubles d'apprentissage», dit-il.

Selon lui, différentes mesures pourraient réduire l'incidence de la pauvreté sur l'éducation. «Il faut ouvrir des maternelles 4 ans partout à Montréal et des maternelles à temps partiel pour les enfants de 3 ans, avance M. St-Germain. Ça permettrait aux jeunes d'être stimulés en ayant accès à des livres et à des experts capables de décoder rapidement leurs difficultés.»

M. Lafrenière ajoute que le financement doit suivre. «Nos voisins de l'Ontario reçoivent 750 millions de plus par année pour mettre en place des mesures favorisant la réussite», dit-il. Diminuer le nombre d'élèves par classe, améliorer les services de soutien à l'apprentissage et favoriser l'éducation des adultes aideraient aussi, selon M. Lafrenière.