La gouverneure générale Michaëlle Jean est pour une rare fois sortie des sentiers protocolaires, dimanche, pressant publiquement le gouvernement fédéral de financer la construction d'une université pour les Inuits du Canada.

Michaëlle Jean a fait valoir qu'une université dans l'Arctique permettrait aux jeunes Inuits d'obtenir un diplôme en demeurant au sein de leur communauté et de bénéficier du regain économique anticipé dans leur région.

Elle a dit croire que la revendication de la souveraineté canadienne dans l'Arctique serait rien de plus qu'une «coquille vide» sans la participation des habitants au développement économique.

La gouverneure générale a commencé à faire valoir le projet auprès de représentants du gouvernement, et des sources ont indiqué qu'elle prévoit aborder la question avec le premier ministre Stephen Harper.

Michaëlle Jean a été inspirée par une expérimentation en Norvège et compte mettre à profit ce qui pourrait être sa dernière année en fonction pour faire valoir que le Canada peut en faire autant.

Elle a soutenu qu'une université dans l'Arctique pourrait aider à recruter les ingénieurs dont les compagnies minières ont besoin, et inspirer les jeunes Inuits qui pourraient autrement abandonner le rêve d'une carrière dans d'autres secteurs tels que la médecine ou le droit.

Elle a dit croire que l'industrie pourrait faire sa part - les compagnies minières, par exemple, pouvant consacrer une partie de leurs revenus à la construction d'une nouvelle école.

La gouverneure générale du Canada entreprend lundi une visite d'une semaine dans le Grand Nord canadien. Ce séjour s'effectuera principalement au Nunavut, aux prises avec plusieurs problèmes sociaux dont le plus bas taux d'obtentions de diplôme au niveau secondaire au pays. A peine 25 pour cent des élèves obtiennent leur diplôme.

Un si mince groupe d'universitaires potentiels serait certainement un argument contre l'idée de dépenser de l'argent pour construire un campus universitaire dans le Nord.

Mais Michaëlle Jean y est allé de quelques recommandations afin de relever ce défi démographique.

L'une d'entre elles est de construire des campus satellitaires, plutôt qu'un seul grand établissement, et d'avoir différentes facultés dans différentes communautés. Une autre solution serait d'ouvrir les portes de l'université aux étudiants du sud du pays afin qu'ils découvrent l'Arctique et la culture inuite.

La porte-parole du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, Patricia Valladao, a toutefois indiqué que la construction d'une université dans l'Arctique ne figurait pas dans les plans dans un avenir rapproché.

Les conservateurs ont rappelé leur investissement de 156 millions $ sur six ans dans la recherche et la formation nordiques. Ce montant s'ajoute aux 500 000 $ dépensés cette année dans l'Université de l'Arctique (UArctic), un réseau international scolaire de partage de ressources. Le Nunavut Arctic College - qui offre une variété de programmes, incluant les soins infirmiers, la joaillerie et l'informatique - en fait partie.

«Les collèges des trois territoires travaillent présentement à accroître leur capacité d'offrir des programmes de l'Université de l'Arctique, ce qui permettrait à un plus grand nombre de résidants du Nord canadien de profiter de l'éducation post-secondaire», a fait valoir Mme Valladao, soutenant que cela serait plus efficace que la construction d'une université.