On pense qu'il est facile de devenir électricien : il suffit d'avoir les cours préalables (français, anglais et maths de secondaire 4) et de s'inscrire dans une école de métier. Erreur. Comme la demande est grande pour certains diplômes d'études professionnelles (DEP), tous les candidats ne sont pas acceptés.

Par exemple, le programme d'électricité offert au Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d'électricité de LaSalle «est très populaire, dit Brigitte Léonard, porte-parole de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys. Il y a une liste d'attente d'environ 60 à 80 élèves.»«Présentement, en santé, en construction, en aérospatiale, il y a des listes d'attente, a indiqué la conseillère en formation scolaire du centre d'éducation des adultes que j'ai fréquenté. Si vous voulez devenir pompier, policier, technicien ambulancier, éducateur spécialisé, travailleur social, il faut des notes de 80 % et de 90 % pour entrer.» Dans ces cas-là, il vous faut un « plan B » au cas où ça ne marcherait pas.

Devant elle, les espoirs des élèves fondaient comme neige au soleil. Pas facile de réaliser ses rêves quand on est sous la moyenne. « Si vous voulez aller en boucherie, en briquetage, en carrelage, ça prend juste un secondaire 3 », a nuancé la conseillère.

Jonathan, 27 ans, voulait faire une attestation d'études collégiales (AEC) en techniques de stérilisation. « C'est pour apprendre à tout stériliser dans les hôpitaux, les bacs à urine comme les instruments », m'a-t-il expliqué.

Incroyable mais vrai, il est presque aussi difficile d'entrer dans ce programme qu'en... année préparatoire en médecine à l'Université de Montréal. Pour son AEC en stérilisation, le cégep Saint-Laurent a sélectionné l'automne dernier « 24 personnes sur les 120 qui ont passé l'examen », a confirmé Patrick Caron, coordonnateur de la formation continue. Soit 20 % des postulants. En médecine, 173 candidats sur 891 ont été retenus, soit un taux de 19,4 % !

Emploi Québec finance les études de 70 000 participants

Heureusement pour Jonathan, Emploi Québec finançait l'hiver dernier l'ouverture d'une seconde cohorte de 18 élèves pour l'AEC en stérilisation. Comme les études de Jonathan sont financées par Emploi Québec, il pouvait espérer en faire partie.

Grâce à sa mesure «Formation de la main-d'oeuvre», Emploi Québec a aidé 70 000 participants à retourner aux études en 2007-2008. Environ 34 000 étaient en formation professionnelle (DEP), 10 000 en formation technique au cégep et 13 500 à l'éducation des adultes.

Plusieurs de mes camarades de classe étaient du lot. Leurs chèques d'assurance chômage continuaient de leur être versés pendant leurs études. « C'est un bon programme, a témoigné Jonathan. C'est sûr que je n'ai pas assez d'argent pour faire le party ou pour dépenser 100 $ d'un coup, mais je me débrouille. »

Un don à un organisme de charité équivalent à ce qu'a coûté la formation de notre journaliste sera fait par La Presse.

Québécois sans diplôme du secondaire

Chez les 16-19 ans : 160 000

Chez les 20-24 ans : 78 000

Chez les 25-44 ans : 402 000

Chez les 45-64 ans : 578 000

Total chez les 16-64 ans : 1 218 000

Source : recensement canadien de 2001, rapporté par le ministère de l'Éducation

Inscriptions en formation générale à l'éducation des adultes en 2005-2006

Alphabétisation (apprendre à lire et à écrire) : 15 300 personnes

Présecondaire (cours de niveau primaire) : 4600 personnes

Secondaire 1er cycle : 29 300 personnes

Secondaire 2e cycle : 46 000 personnes

Francisation des allophones : 17 000 personnes

Préparation au cégep : 22 000 personnes

Préparation à la formation professionnelle : 26 000 personnes

Autres (intégration sociale, intégration socioprofessionnelle, etc.) : 39 000 personnes

TOTAL : environ 199 000 personnes