Pas de nouvelle offre salariale, pas de retour travail: les professeurs de l'UQAM ont décidé hier de poursuivre leur débrayage et de suspendre leurs cours jusqu'au 6 avril. Les négociations reprendront de manière intensive lundi.

Réunis en assemblée générale, hier, quelque 600 des 1000 professeurs et maîtres de langue de l'UQAM ont appuyé dans une proportion de 91% l'ajout de 10 journées de grève - en comptant les samedis et dimanches - aux 15 qui ont déjà eu lieu depuis le début du trimestre. Loin de faiblir, la colère des professeurs souffle de plus en plus fort sur le campus: le taux d'adhésion à la grève est en progression depuis deux semaines.«Cela illustre bien à quel point chacun est convaincu de la légitimité de notre intervention et à quel point les choses doivent débloquer», a lancé hier la présidente du Syndicat des professeurs de l'UQAM (SPUQ), Michèle Nevert, visiblement très satisfaite de ce résultat.

Plusieurs professeurs ont confié qu'ils s'étaient sentis galvanisés par l'appui qu'ils ont reçu de leurs propres étudiants. Selon le SPUQ, des associations représentant 30 000 étudiants ont adopté au cours des derniers jours diverses mesures de soutien aux professeurs, allant d'une journée à une semaine de suspension de cours. Hier, 13 000 d'entre eux étaient officiellement en grève et devaient boycotter les cours donnés par des chargés de cours.

«Les étudiants ont compris que si les conditions de travail des professeurs s'améliorent, leurs conditions d'apprentissage s'amélioreront aussi», croit André Achim, professeur au département de psychologie.

«Je trouve ça fatigant qu'on soit pénalisés, mais je suis d'accord avec leur cause», opine Carmen Gabriel, étudiante au baccalauréat en relations et droit international. Et la menace de l'annulation du trimestre ne devrait pas effrayer les étudiants, assure Annick Dufour-Lepage, présidente de l'Association modulaire en études littéraires: «Les étudiants ont déjà débrayé huit semaines d'affilée, et leur session n'a jamais été annulée.»

Le trimestre n'est pas compromis

Hier, le porte-parole de l'UQAM, Daniel Hébert, a confirmé que le trimestre n'était pas compromis, mais que la reprise de ces journées de grève supplémentaires risquait d'être complexe. Les ententes d'évaluation adoptées pour chaque cours devront être revues.

«Les professeurs vont être conciliants parce qu'on a pris leur parti», dit Annick Dufour Lepage.

Le syndicat se montre d'ailleurs plutôt optimiste et croit que cette quatrième semaine de grève pourrait être la dernière. Michèle Nevert pense qu'une nouvelle offre pourrait être présentée aux professeurs le 6 avril. Les parties ont été rappelées à la table de négociations mercredi dernier et des rencontres sont déjà prévues tous les jours la semaine prochaine. «Tout le monde s'est rassis avec la détermination de faire débloquer les négos sur l'essentiel des revendications», a-t-elle affirmé hier.

Le 20 mars, les syndiqués avaient rejeté massivement (90%) une proposition de règlement temporaire comprenant des hausses salariales immédiates de 4% (dont 2% de rattrapage salarial prévu par Québec) et la création de 25 postes. Le syndicat demande de son côté des augmentations de 11,6% en trois ans et l'embauche de 300 professeurs.