Fini le piquetage serré et les manifestations bruyantes à l'UQAM: l'université a obtenu aujourd'hui en Cour supérieure une ordonnance d'injonction provisoire visant à ramener le calme entre ses murs.

Au cours des prochains 10 jours, les professeurs en grève devront être au maximum faire du piquetage à moins de cinq mètres d'une porte de l'UQAM ou du métro. Ils ne pourront empêcher l'accès à l'Université, faire de piquetage à l'intérieur de ses pavillons ou nuire aux cours donnés par les chargés de cours.

 

C'est «compte tenu des perturbations qu'il y a eu sur le campus» que l'UQAM a pris cette mesure, a expliqué Daniel Hébert, directeur du service des communications de l'université.

 

L'UQAM a reconnu avoir embauché des agents du Bureau canadien d'investigation et d'ajustements, qui filment les professeurs en grève, tel qu'indiqué dans le journal étudiant Montréal Campus. «Il n'y a pas juste ces agents, nos agents ont aussi le devoir de filmer les incidents», a dit M. Hébert.

 

La journée d'aujourd'hui a commencé sur une note plus positive, avec la reprise des pourparlers entre les professeurs et la partie patronale. «On a discuté des possibilités de discuter ensemble», a indiqué Jean Bélanger, vice-président du Syndicat des professeurs de l'UQAM (SPUQ). Une autre rencontre est prévue demain matin. Le nombre de professeurs à embaucher -le syndicat en réclame 300 en trois ans- est au coeur des discussions.

 

Manif cet après-midi

 

En appui aux professeurs, plusieurs associations étudiantes (arts, langues et communications, science politique) ont aussi déclenché la grève. Un grand rassemblement des étudiants et employés de l'UQAM, portant sur le refinancement de l'université, aura lieu ce demain midi au théâtre Saint-Denis. Une manifestation « contre la privatisation des services publics » organisée par l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) suivra.

 

Lundi, le recteur de l'UQAM, Claude Corbo, a envoyé un message aux professeurs leur disant comprendre «très bien ce qui vous préoccupe». Après avoir chiffré à 30 millions par an les principales demandes du SPUQ (300 postes de professeurs et hausses salariales de 11% en trois ans), il a toutefois fait valoir que «l'UQAM n'a tout simplement pas de telle somme».

 

M. Corbo a regretté l'intervention du gouvernement dans les négociations, ce qui a déplu à la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, selon Le Devoir. Il s'est par ailleurs réjoui de la reconnaissance du sous-financement de l'UQAM par Québec et a annoncé que «la compensation financière de 180 millions pour le Complexe des sciences sera effectuée dans un très proche avenir».

 

Nouveau vote de grève vendredi

Rappelons que les professeurs de l'UQAM, dont le contrat de travail est échu depuis le 31 mai 2007, ont rejeté à 90% une offre dite finale vendredi dernier. Un rapport de la firme Aon, rendu public peu avant par l'UQAM, a établi que leur salaire est inférieur de 10% à celui offert en moyenne dans les autres universités québécoises.

 

Les 1000 membres du SPUQ se prononceront vendredi sur la poursuite de la grève, ce qui inquiète des étudiantes rencontrées hier. «Ça nous fait manquer des cours, ont dénoncé Joanie Fiset et Maude Jeanson, deux étudiantes en administration de 24 ans. Nous on paie, mais on n'a pas de cours, tandis qu'eux sont payés pour faire la grève», a dénoncé Joanie, en faisant allusion aux indemnités de grève.