Alors que le gouvernement déposera un budget déficitaire demain, la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, n'entend pas allonger des millions de dollars supplémentaires pour lutter contre le décrochage scolaire. Mais elle fixera bientôt des cibles de réduction du taux de décrochage, une première depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux en 2003.

Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de fixer des cibles? «C'est une bonne question», a répondu la ministre en conférence de presse hier, ajoutant que le gouvernement avait néanmoins fait des gestes au cours des dernières années.

 

Quelques heures après la sortie du rapport Ménard qu'elle qualifie de «motivant», la ministre a indiqué que le décrochage scolaire sera une «priorité». Des «annonces» seront faites dans «les prochaines semaines».

Chose certaine, des cibles de réduction du taux de décrochage seront fixées, comme le recommande le rapport. Mais Mme Courchesne a refusé de les dévoiler hier. Les écoles et les commissions scolaires seront tenues de respecter les objectifs, à défaut de quoi la ministre pourrait utiliser son nouveau «pouvoir d'intervention» prévu dans une loi adoptée l'an dernier. «Si on n'a pas de cible, on est plus ou moins lié, si on n'a pas de cible, on est plus ou moins investi, engagé», a affirmé Mme Courchesne.

Selon elle, le décrochage scolaire, «ce n'est pas uniquement une question d'argent». Elle a indiqué que le gouvernement investit déjà 841 millions par année pour prévenir le décrochage.

Le PQ dénonce l'inaction du gouvernement

«Les 841 millions, comment ça se fait que ça ne produit rien depuis aussi longtemps?» a réagi le critique péquiste en matière d'éducation, Pierre Curzi, qui a bien accueilli le rapport. «Comment se fait-il que ce soit la société civile qui soit obligée d'accoucher d'un plan d'action? Comment se fait-il que le gouvernement, que la ministre n'ait pas encore accouché d'un plan d'action?» a-t-il demandé.

Pour le député adéquiste Gérard Deltell, le rapport «est extrêmement stimulant», notamment parce qu'il propose de faire du décrochage scolaire un «chantier national». «C'est mot à mot ce que l'ADQ a dit lors de la dernière campagne électorale», a-t-il lancé.

Manque d'ambition, selon la CSQ

«On est dans la bonne direction», a commenté André Caron, président de la Fédération des commissions scolaires. Des assises régionales sur la persévérance scolaire se tiennent actuellement dans les commissions scolaires et leur bilan doit être présenté en mai.

Après avoir salué le travail effectué, Réjean Parent, président de la Centrale des syndicats du Québec, a souligné le manque d'ambition de l'objectif d'obtention de diplôme de 80% en 2020. Les états généraux sur l'éducation de 1995 avaient fixé une première cible de... 85% pour 2010, qui ne sera pas atteinte à moins d'un miracle. «Nous espérons maintenant que ce rapport ne viendra pas trôner sur les tablettes de notre gouvernement», a-t-il souligné.