«Il est plus que temps qu'on se donne une commission Parent II», a dit hier à La Presse David Paradis, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ). C'est aujourd'hui le 20e anniversaire de la FEUQ - une longévité record pour un regroupement étudiant national -, mais au lieu de fêter, son président s'inquiète.

M. Paradis réclame une commission aussi importante que celle ayant mené à la création du ministère de l'Éducation, il y a 45 ans. «On sent clairement un manque de vision en éducation, a-t-il déploré. On veut susciter un débat de société, pour repenser de fond en comble notre système d'éducation. C'est d'autant plus nécessaire dans le contexte actuel de crise économique.»

 

C'est dans un climat aussi morose - avec récession et hausse des droits de scolarité - que la FEUQ est née, le 11 février 1989. «L'ensemble de ses efforts se résume à une chose: l'amélioration réelle des conditions des étudiants», a indiqué M. Paradis, qui avait 4 ans à l'époque.

Parmi les gains de la Fédération, on compte le gel des droits de scolarité pendant 13 ans et le retour des 103 millions abolis dans les bourses en 2005.

«La FEUQ a donné de la crédibilité au mouvement étudiant et a été une pépinière pour la classe politique, a observé Éric Bédard, historien à la TELUQ. Elle a aussi été un lieu intéressant de réflexion.» Fondée alors que les groupes étudiants refusaient toute forme de partenariat avec le pouvoir, la FEUQ «est l'extrême inverse», selon M. Bédard. «C'est un groupe qui vise à influencer l'opinion publique plus que la confrontation», a-t-il précisé.

Cela n'est plus si vrai, selon Pier-André Bouchard-St-Amant, président de la FEUQ lors des grèves historiques de 2005. «Certains dossiers réclament plus de muscle et en 20 ans, la FEUQ a beaucoup évolué, a-t-il indiqué. La FEUQ est passée du complet-cravate avec valise au complet sans cravate avec des pancartes de manifestation.»

Perte de 60 000 membres

Incontournable, la FEUQ reste régulièrement consultée par le gouvernement. «C'est un acquis important auquel nous ne pouvions que rêver il y a 20 ans», s'est réjoui Nicolas Plourde, son premier président, aujourd'hui avocat associé chez Heenan Blaikie.

Cela ne l'a pas empêchée de perdre 60 000 membres depuis son sommet de 2004. La FEUQ regroupe maintenant 15 associations représentant 120 000 étudiants. «Il n'y a pas de problème de désaffiliation cette année», a assuré M. Paradis.

Mais la division reste vive chez les étudiants. «Il n'y a pas à fêter ou à se réjouir des 20 ans de la FEUQ», a dit Alex Desrochers, porte-parole de l'ASSÉ, autre regroupement étudiant qui compte 40 000 membres. «L'an passé, la FEUQ n'a pas agi énormément pour bloquer le dégel des droits de scolarité», a-t-il illustré.

La hausse des droits de 100$ par an pendant cinq ans «est une déception», a reconnu M. Paradis. «De 6000 à 13 000 personnes ne pourront pas faire d'études universitaires à cause de ça», a-t-il dénoncé.

 

Que sont-ils devenus?

Pier-André Bouchard-St-Amant, président de la FEUQ en 2004-2005 Étudiant au doctorat en science économique à la London School of Economics

> Pascal Bérubé, vice-président en 1998-1999 Député de Matane (Parti québécois)

> François Rebello, président de 1994 à 1996 Député de La Prairie (Parti québécois)

> Serge Charlebois, président de 1992 à 1994 Professeur de génie physique à l'Université de Sherbrooke

> Nicolas Plourde, président de 1990 à 1992 Avocat associé chez Heenan Blaikie

Source: Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ)