Le ministère de l'Éducation vient de publier un guide pour faire l'évaluation de fin d'année des élèves de 3e et 4e secondaire, maintenant touchés par la réforme. Malgré les annonces de la ministre Michelle Courchesne, on n'y parle pas d'évaluer les connaissances des jeunes. Ce sont plutôt des «échelles des niveaux de compétence» à atteindre qui sont détaillées sur 121 pages. Cela a fait bondir les syndicats d'enseignants, qui craignent que les examens du Ministère - affectés par la réforme pour la première fois en juin prochain - évaluent aussi les compétences plutôt que les connaissances.

«Je ne veux pas que ni la population, ni les enseignants, ni les commissions scolaires pensent que parce qu'on est obligés de publier ça pour que les enseignants puissent faire leur travail, on met de côté notre volonté d'évaluer les connaissances, a dit à La Presse Mme Courchesne. Ce n'est pas du tout le cas.»

«Quelqu'un qui ne fait pas sa job»

Comment expliquer, alors, «qu'on a un document qui sort, qui est tout chaud et qui ne laisse pas de place aux connaissances, a demandé Pierre Saint-Germain, président de la Fédération autonome de l'enseignement. On se dit qu'il y a quelqu'un, quelque part, qui ne fait pas sa job.»

La volonté est là, mais il faut plus de temps, a plaidé la ministre. Avant de pouvoir évaluer les connaissances, il faut dresser la liste de ce que doivent apprendre les élèves chaque année, ce que la ministre appelle «la hiérarchisation des savoirs». C'est fait pour le français, au primaire. «Pour toutes les autres matières du primaire, j'ai demandé à ce que dans un monde idéal, ce soit prêt avant l'été, a-t-elle indiqué. C'est une tâche colossale.» Au pire, cela ira à septembre 2009, a-t-elle dit.

Pour le secondaire, «on m'a dit septembre 2010, mais je ne suis pas satisfaite de ça, a indiqué Mme Courchesne. Je vais essayer de trouver une façon de pouvoir amorcer à tout le moins le français et les mathématiques pour septembre 2009.»

«On comprend que le travail doit être fait correctement, mais il y a une réelle urgence d'agir partout», a commenté Sylvie Lemieux, porte-parole de la Fédération des syndicats de l'enseignement.

Les examens évalueront les compétences en juin

M. St-Germain s'est aussi demandé «ce qui va se passer au niveau de la sanction des études». Les examens du Ministère de 4e secondaire, touchés pour la première fois par la réforme, évalueront-ils les compétences ou les connaissances? «Ça fait partie du travail qui est sur la planche et des discussions qu'on a eues (mardi)», a répondu Mme Courchesne. Mais comme la «hiérarchisation des savoirs» n'a pas encore été faite pour le secondaire, «la première année, c'est sûr qu'on va être davantage dans l'évaluation des compétences», a-t-elle admis.

Pourrait-on simplement redonner des examens du Ministère des dernières années? Non, parce que le contenu des cours a changé avec la réforme, a-t-elle noté, notamment en histoire.

À terme, «je crois qu'il faut rééquilibrer tout ce niveau d'acquisition et d'évaluation des connaissances, par rapport aux compétences», a réitéré la ministre. Plutôt que de passer un semestre complet à réaliser une maquette élaborée représentant une société utopique - cas vu par Mme Courchesne - une classe pourrait le faire plus modestement. «Mais ce n'est pas à moi de le dire, c'est aux experts de le dire», a-t-elle affirmé.

«Je suis très contente d'être encore à l'Éducation, a-t-elle ajouté. C'est ce que j'ai partagé avec M. Charest, que j'avais encore beaucoup de travail à faire à l'Éducation pour terminer ça, parce que je crois que c'est extrêmement important pour la réussite de nos jeunes.»