Les résultats d'un sondage du ministère de la Défense, qui devraient être publiés à l'automne, pourraient révéler l'ampleur des agressions sexuelles au sein de l'armée, et plus particulièrement sur les viols d'hommes par des hommes.

Près de 68 000 soldats, dont 86% d'hommes, ont été contactés en août dernier pour répondre volontairement à un sondage anonyme sur le harcèlement sexuel dans les Forces canadiennes. On y demandait leur sexe, leur nombre d'années de service et leur rang, de même que 100 autres questions allant du harcèlement à des questions sur le viol.

Un tel sondage n'avait pas été mené auprès de l'armée depuis 1998.

Les résultats pourraient lever le voile sur les agressions sexuelles entre soldats, alors que ce genre de cas n'est que très rarement dénoncé, selon d'anciens soldats et des travailleurs sociaux. Les données seraient encore plus rares en ce qui concerne les viols d'hommes.

Aux États-Unis, un sondage semblable publié le mois dernier indiquait que 6,1% de femmes et 1,2% d'hommes avaient été victimes de contacts sexuels non souhaités. Par ailleurs, 85% des militaires américains sont des hommes, et la majorité des victimes d'agressions sexuelles, soit environ 55%, sont aussi des hommes, selon les données du département de la Défense.

Or, une fraction seulement de ces agressions est rapportée.

«Les victimes peuvent être des hommes ou des femmes, tout comme leur agresseur peut être un homme ou une femme», a souligné Brian Lewis, qui est devenu plus tôt cette année le premier homme à témoigner devant le Congrès américain à propos des viols d'hommes par d'autres hommes au sein de l'armée.

Il a raconté comment on l'avait menacé d'être étiqueté d'homosexuel et démis de ses fonctions s'il portait plainte.

«L'autre raison, c'était que cela aurait été mauvais pour la réputation du supérieur», a poursuivi M. Lewis.

Selon Phillip Millar, un avocat représentant plusieurs femmes qui auraient été agressées par un employé de l'équipe médicale des Forces canadiennes - aujourd'hui retraité -, il existerait au sein de l'armée une «culture macho» qui force les hommes à garder le silence.

«Il est très difficile de savoir ce qui se passe, puisque la culture environnante décourage les gens de rapporter ces agressions», a précisé M. Millar, qui s'est retiré des Forces canadiennes en 2005 après 12 ans de service.

Il a indiqué que s'il n'avait pas entendu de militaires soutenir qu'il ne fallait pas dénoncer la violence sexuelle, les victimes savaient tout de même qu'elles risquaient d'être étiquetées de faibles ou encore blâmées pour l'agression.